dimanche 30 septembre 2012

Vieillesse ennemie

Ils prolifèrent dans nos cantons, obèrent les comptes de la nation, se cramponnent à leurs derniers automnes. Les vieux sont lents à mourir. Ce manque de hâte est une faute de goût. La société apprécie peu le sit-in de ses pensionnés. Les vieux rapetissent dans leurs hospices. Campements vétustes, chair à bulldozer.
Ces bons à rien n'ont plus de destin. Ils parasitent la cité, s'étourdissent de télé. Il leur faut du temps dans une société qui n'en a pas. La crise les désigne comme des branches mortes. Vieillesse ennemie.
Le président des gens, des indigents notamment, trouve normal de privilégier la jeunesse. Le sort des seniors est contrarié par leurs bulletins de votes conservateurs.
C'est pourquoi on leur fait sentir leur poids, leur volume, par ces temps d'amertume. "En ce temps-là, la vieillesse était une dignité; aujourd'hui elle est une charge" (Mémoires d'outre-tombe, livre premier, chapitre 4, La Pléiade, page 23). François-René de Chateaubriand parlait de Madame de Bedée, sa grand'mère assistée.