dimanche 30 juin 2013

Maison d'enfance

L'homme de la déconfiture, rangé des voitures, s'égare dans le parking de Parkinson. Retourner à la maison. Taxi !
Les souvenirs se tiennent très en arrière, tirés à quatre épingles, lissés dans la clarté, à l'écart des grands brouillards immédiats. La mémoire d'ici est la patrie des petits rires. Il faut parler couramment la langue des sens pour bâtir une maison d'enfance.
S'asseoir sur le sable, modeler du doigt une terre d'émoi. Château des mots. La maison d'enfance renaît loin des baragouins d'autres coins, loin du parler dru des gens du cru. C'est la propriété des étés intérieurs, la chambre fracturée, aux premières heures du secret.

vendredi 28 juin 2013

L'égalité dans l'excellence

Raout, rue Lyautey. On fête trente années de nez sur le guidon, à scruter l'horizon, ses nouveautés de communication. "L'amitié multimédias" vaut davantage que les effusions Facebook. Ils sont nombreux, nos preux compagnons, à trinquer d'un vin heureux.
Notre école n'était pas frivole, s'était choisie des noms de baptême de franche gloriole. De Chappe à Vinci, l'histoire s'est faite du minitel à Internet.
A chacune des années de ces écoliers chevronnés, je me plaisais à confier qu'elle était la meilleure, la plus rude au labeur. J'ai forgé, ce soir de Saint Fernand, l'expression exacte, appropriée à la docte assistance: "L'égalité dans l'excellence". Cela sonne comme du cousu main républicain.
On a erré trente années, rue de la Montagne Sainte Geneviève ou rue d'Ulm. L'odyssée s'est fixée rue Lyautey. J'entends le brouhaha multimédias. Ce matin de pâle été, le séminaire se réveille sédentaire.

jeudi 27 juin 2013

L'été

L'été est toujours pourri. Plus précisément, en retard. L'été n'est jamais au rendez-vous. Il reste au placard.
L'été est un mot saisonnier qui glisse dans la conversation comme un participe passé. L'été se situe derrière nous. Rangé dans la mémoire comme un passé composé. Il est dans notre dos pour l'éternité.
Pas d'été au présent. On ne peut pas l'être et avoir été.

mercredi 26 juin 2013

Tare de France

L'émotion est dans ses starting-blocks. On nous a volé nos rêves de vélo. On s'interroge sur les prouesses de Bahamontès.
Flaubert fait bande à part. Le fils de toubib jette un oeil clinique sur l'agenda comique. Il diagnostique la fièvre du loustic: "Mensonge pendant la journée et songe pendant la nuit, voilà l'homme". Ordonnance du 15 mai 1852. Il a trente ans et des poussières, enquiquine Louise avec sa verve épistolaire.
Sans rêverie, point d'Anquetil, Bartali ou Coppi. Vietto ferait défaut. La chimère est le ressort de Poulidor. Nos cyclistes de Grande Boucle mentent comme des artistes d'hémicycle. Cahuzac a plus d'un Tour dans son sac. Même bastringue qu'Armstrong. Tapie orchestre son tapage comme un vulgaire dopage.
Les héros de magazine ont besoin de cocaïne. Le Tour de France commence, recommence sa montée en danseuse, ses bouquets de villageoises au vainqueur en extase. Menterie, rêverie, Tour et tare de France.

mardi 25 juin 2013

Astor Piazzolla

Concert, salle Pleyel, entre escortes bancaires et clientèles. La musique n'a fait qu'une bouchée des discours satisfaits. Un quarteron de mordants économistes a montré ses dents d'argent. A souri de ses prophéties de Monoprix.
Les grossiers parleurs ont squatté la première heure, paradé comme des menteurs chevronnés. Les mots à problèmes étaient les vedettes américaines. Les sots d'ici et là n'ont peur ni de Vivaldi ni de Piazzolla.
Pas grave. Ouste. La musique a jeté dehors, loin de notre mémoire, les causeurs du soir. Piazzolla s'embourgeoisa à doigts de violoniste. Elégante émotion, exempte d'accordéon. La musique a mis du Bordeaux dans son Bourgogne. Exit la sensualité canaille du tango. Veto des zigotos de banque.

La première nécessité

"A long terme, on sera tous mort". Inutile d'en référer au trait d'esprit de Keynes. A court terme, on est déjà mort. La bataille des "quarters" règne sur la terre, dans un monde de chamaille économique. Le trimestre financier est l'horizon indépassable des apprentis sorciers, des chefs de chantier malades de la rivalité. Aucun Eden n'est à portée de la petite semaine.
Or l'aventure ne vaut qu'à condition de se projeter dans le futur. Loin dans les nuages. La rêverie motive l'ambition de nouvelle industrie. Nos sociétés dispersées se contentent de gestes enfiévrés. On ne bâtit de grand projet que dans la gratuité de la pensée. On ne trouve quelque chose que parce qu'on ne cherche pas le pot aux roses.
La recherche fondamentale est le sanctuaire inviolable du devenir de la terre. Il convient de préserver la presqu'île du savoir. Il faut défendre l'esprit d'enfance de la science.
J'ai toujours été frappé par une photographie de Charles de Gaulle, les yeux dans le vide, derrière son bureau de pontife. L'autoroute de raison droite sait bêtement son but. Mais la simplicité du sentier laisse la réalité à sa complexité de nouveau-né. Car il s'agit de nature, de connaissance de la naissance.
Se hisser en haut d'un belvédère. Voir loin. Jusqu'aux confins de la terre. Embrasser les Finistère. Sans quoi, on s'expose à la démoniaque prise de tête du quarter. On se fourre le doigt dans l'oeil. On ne gère en notaire que les vieilles innovations d'hier. Réhabiliter le futur, telle est la première nécessité de notre culture.

lundi 24 juin 2013

Crochet d'hélicoptère

Il n'attend rien des discours à refrains. Aux consultations de ses souverains, le peuple s'abstient. On ne chauffe pas les salles avec pareils chefs.
Un président en souliers vernis pérore sur les intempéries du dehors. Le rieur ministre de l'intérieur souille ses godasses dans la bouillasse. Les gens des Pyrénées sont inondés. Au propre malpropre. Comme au figuré.
Inondés de paroles de commisération. Inondés d'officiels à mines compassionnelles. L'homme politique se rue sur les lieux de la grande crue. Il patauge dans la pure posture. Crochet d'hélicoptère. L'Etat est là. Les montagnards aussi. Les gens du cru ont la berlue. Visite chronométrée, poignées de mains de solidarité.
Les gens des Pyrénées saluent la bonté d'hélicoptère. On les photographie comme des animaux de zoo. La brève sollicitude accroît leur solitude.

vendredi 21 juin 2013

Place aux herbes

Zigzags du Vaucluse au Var en passant par le Gard. La nature appartient à la peinture. La lumière a donné carte blanche à Bonnard. Au bord des routes, l'artiste colore les genets et les coquelicots. Il s'exprime en nuées.
A proximité de Quinson, Cotignac étonne. Au-delà de l'assonance d'un nom. Ses maisons robustes s'emberlificotent en de délicats arrondis.
Au jardin du Canto Cigalo, le soleil dégouline sur l'eau tiède du bassin. Péremptoire est le parler nasillard d'un gaillard de Denver. Les manières du protestantisme manquent des saveurs du dilettantisme.
Je me suis sauvé par une ruelle buissonnière, loin de la cité domestiquée. J'en garde le goût de ses tagliatelles au pistou.
Je me décoiffe devant la beauté d'Uzès. Je chemine, place aux herbes, à n'importe quelle heure. Les gens du coin se plaisent aux recoins.
La pâtisserie Deschamps fournit les pâtes de fruit dont est friande bonne maman. Au matin, les camions peuplent la place, se serrent parmi les platanes à tignasses. La marchandise achalande les cafetiers d'Uzès.
On a séjourné au Patio de Violette. A un jet de pierres du sanctuaire. Pas la bonne adresse. Se méfier de la joliesse des noms.

jeudi 20 juin 2013

Le clafoutis du logis

Je sommeille à moitié sous la tonnelle, en exacte amitié à regarder le ciel. C'est un lieu de paresse sur l'île de Barthelasse. Je bois un campari, loin des pluies, loin de Paris. Une lumière sans loi jaunit la pierre découpée.
La gamme des rouges jette au hameau son éclat d'été, sa fragilité de coquelicot. Le jour décline. La beauté voisine avec la sainteté. La fleur pousse à demeure, réfractaire aux menteurs, ici, là ou ailleurs.
J'aime la paille et la rocaille, à l'ombre des chamailles. Je ressens les bruits des bêtes comme un tourment dans ma tête.
Je passe devant les précipices. Je suis un Verdon à cours indécis. A Quinson, au logis, le bonheur a souri dans une tranche de clafoutis. Au soleil de dix heures, derrière la bâtisse du relais Notre-Dame, j'apprends le contentement d'homme. J'en accepte la nouvelle donne, m'abandonne à la volonté d'une bonne fée. Pas de méprise. Je double la mise en cerises.

Publicité personnelle

Je remercie les maraudeurs des pages d'A la diable. Vous êtes une poignée d'aventuriers à déambuler dans mes petits papiers. Ils sont désormais coiffés de placards de publicité. Foi de Google. Exhiber sa gueule.
A la diable est démangé par le démon de la communication. J'évente un secret. Les Editions du Bon Albert confectionnent de délicieux ouvrages littéraires. J'ai la fierté de figurer au catalogue d'une maison dont j'apprécie le genre de beauté.
En mai dernier, j'ai fait paraître un petit récit. Il s'appelle "Ainsi soit Staël". Au plus près de la peinture s'y risque une écriture.
Il y a plus de dix ans, le même éditeur m'accueillait sous son toit. A Nasbinals dans l'Aubrac. Paraissait alors "C'est encore loin de Gaulle ?". 
Amis de mes textes de fantaisie, vous pouvez commander l'un ou l'autre de ces récits dans cette maison de bonne compagnie: Les Editions du Bon Albert, 48260 Nasbinals
Tel: 04 66 32 57 16/ Mail: bonalbert@wanadoo.fr

jeudi 13 juin 2013

On ferme les yeux

On ferme les yeux. Sur Damas, on se voile la face. A Athènes, on coupe l'antenne. L'Europe paresse à l'ombre de ses promesses. L'inertie disqualifie les démocraties. On se satisfait de beaux principes. On se contente d'une morale de chics types.
La Russie cadenasse la Syrie. Obama baisse les bras. L'Europe consent aux mots du statu quo. La Grèce efface de son ciel la presse audiovisuelle. On ferme les yeux d'une mourante. On scelle les paupières des victimes de guerre civile. On ferme sa gueule. On ouvre la parenthèse des postures.

mercredi 12 juin 2013

La nécessité de plagier

Le plagiaire a besoin d'aide. Il ne s'en sort pas tout seul. Il jette un oeil mauvais sur la copie de proximité. Le plagiaire ne sait pas quoi écrire. Encore moins comment. Or il a des engagements à tenir. Il faut qu'il produise un opus bien ficelé, à intervalles réguliers, pour entretenir sa grassouillette notoriété, pour alimenter la trésorerie de Grasset.
Minc n'est pas libre avec la vérité. Il est prisonnier de la nécessité de plagier. La célébrité est une drogue qui force à recopier. L'ostentation du moi impose de chaparder l'oeuvre d'autrui. Minc publie des pages sur Bousquet déjà gribouillées.
Le rabbin Bernheim faisait de même pour qu'on l'aime. Attali aussi. Troyat, Desforges, Ardisson, Macé-Scaron et d'autres encore. Les plagiaires sont de pauvres hères. Ils ont démontré leur dépendance à l'emprunt, affiché une intoxication récurrente à la dette non remboursée. D'une certaine manière, ils sont Français. Jusqu'au bout des ongles.
Minc récidive, Grasset aussi. On ne se débarrasse pas comme ça d'un passé glorieux. Ces tacherons de l'édition sont confrontés à des pannes de création, à des trous d'imagination. Un certain dénuement intellectuel les guette. C'est pourquoi ils scribouillent à la sauvette.
Il faut les secourir dans la difficulté d'écrire. Minc devrait jouir d'un droit de tirage universel. Tout texte qui se publie tomberait naturellement dans son escarcelle. D'ailleurs, on sait déjà qu'il en userait sans se faire prier.

lundi 10 juin 2013

Oumpapah

Il mâchouillait quelque chose. Il avait plié en quatre les feuilles du journal, croisé ses jambes nues, crayonné les cases des mots. Le sable du jardin était mouillé. Nous étions retranchés au Wigwam.
Adossé à l'oreiller chiffonné du canapé, il taillait un grain de raisin entre ses dents, n'en conservait que le pépin, jouait de cette pastille de fruit comme d'un chapelet égrené.
Son pied balançait. Il était veiné d'un sang violet, s'échappait d'une sandale entoilée. Un sourire figeait ses lèvres minces. Les lendemains étaient faits de meubles en rotin. Papa se taisait en sa solitude intérieure. Il n'éventait ses secrets qu'entre les lignes de Bob Morane ou Nick Carter.
Il passait l'été avec ses illustrés. Il absorbait les magazines comme une dose de vitamines. Avec la frivolité, il pactisait avec la sainte beauté. J'aimais Oumpapah, l'Indien bigarré en habits d'apparat.

dimanche 9 juin 2013

Pierrot du Nord

Avec sa petite moustache neigeuse et son pyjama écossais, calé dans un fauteuil d'hospice, le vieux Mauroy fixait des yeux le bleu des cieux. Il était grand, rond, jovial et débonnaire, fabriqué à l'ancienne, d'une longue lignée de bûcherons. Sa cognée avait la conviction d'une épée. Son coup de hache ne manquait pas de panache.
Avec ses épaules de déménageur, sa carrure d'armoire à glace, il n'ambitionna jamais d'emménager à l'Elysée, d'accéder à la première place. L'homme à initiales de Premier Ministre ne brigua pas le piédestal. A Matignon, il s'installa au comptoir, paya à boire d'entrée de jeu. Il rasa gratis, vite honora sa promesse.
Au bar/tabac du septennat, Pierrot du Nord anticipa le temps des gueules de bois. Après banquets et confettis, il consentit aux sacrifices d'une maudite économie. Dans un monde de brutes, Mauroy était une bête d'humanité. Dans un téléfilm bien de chez nous, il aura joué les rôles d'un Victor Lanoux. Mauroy n'avait pas peur de grand chose. Il feignait de croire à une réalité tapissée de roses. Son vrai talent d'homme du Nord était d'être heureux, courageusement heureux, généreux dans l'effort, dédaigneux de la mort. Tout son corps rayonnait d'une ferveur, brûlait d'une fureur, était animé d'un soleil intérieur.
Jaurès était sa tasse de thé, l'emblématique rayon de fraternité d'une destinée. Il fut ce socialiste génétique qui s'abstint de mettre de l'eau dans son vin, qui refusa de rayer l'ouvrier de son coeur de métier. Il fut un socialiste municipal dont l'idéal était enraciné dans les terrils. Il fut la rougeaude figure de Lille, l'apôtre modèle de "plus belle la ville".
Mauroy était le bon soldat, le missionnaire exemplaire d'un socialisme trop souvent d'apparat. Pas gauche plein aux as pour un sou. Il se tenait loin des cupidités ordinaires et des masques de vertu sous couvert d'égalité.

mercredi 5 juin 2013

Le tennis

La cérémonie du tennis exige une couleur de sang séché. Les officiants se dédoublent dans un miroir déformant. Dans la diagonale de terre battue, s'organise une bataille de rue. S'y dessine un calice haut dans l'espace. S'y dévoile l'arme brandie. Elle impose sa pause d'un mouvement de paume.
Dans la diagonale de terre battue se courbe une nuque. Elle confesse un consentement au sacrifice.
Se libère la sphère, la balle meurtrière qui jette sa colère. Les danseurs se font peur. Federer a perdu sa fureur. Le roi est une proie. Le tennis est tapissé de milliers de corps lapidés. L'ocre restitue la douleur d'ogre.

Maléficiée

Montaigne, dans sa langue, est quasi illisible. J'ai refermé le bouquin d'une main robuste comme on poignarde un rêve. J'entasse des Pléiade qu'aujourd'hui je laisse en rade. Je lirai Les Essais dans un patois rénové.
La virée orientale de Flaubert s'éternise dans des lettres inégales. J'ai besoin d'espacer leur lecture, de me divertir au petit bonheur. Ici et là, j'ai grignoté des mots de Gracq comme des cerises sur l'arbre. Je dévore un vieil entretien sur Jules Verne. En bon élève, j'ai griffonné deux adjectifs sur un bout de papier: "maléficiée", "entretoisé".
Le magique géographe définit les Balkans comme "une région maléficiée". La malice n'est jamais loin du maléfice. Gracq cite ainsi Giraudoux à l'enterrement de je ne sais plus qui: "Allons nous-en, il n'est pas venu".

lundi 3 juin 2013

L'aurore

Dès midi, j'ai la nostalgie du matin. L'aurore décide de mon sort. J'aime l'aube intacte. A la naissance du jour, je me gorge de pleins pouvoirs, j'absorbe élixirs et nectars, je tends mon torse aux grands espaces.
Je m'accoutume à l'aurore. Mon corps s'intoxique de sa félicité. Je me lève d'un bond en manque d'horizon. Je boxe à voix basse. Je suis invincible.
Avec les heures qui se comptent commence la grimace du labeur. Tous les soirs, je songe à revoir une jeunesse, à jouir encore d'une matinée d'empire. Or tous les soirs, il se fait tard.

samedi 1 juin 2013

Le petit Alain

Je me souviens de ses funérailles, d'un prélat qui parla de Bach, des poignées de mains par saccades, de la couleur d'un vitrail.
L'oncle rongeait ses ongles. Avant de mourir, il remua ses lèvres sur sa captivité. Il jeta le silence comme un drap sur le blabla, une main suffoquée sur l'aboiement des roquets.
Il fixa ses démons dans une nuit peuplée des mêmes sons. Je songeais à son visage téméraire. C'était le sosie, corps et regards, de Charles Denner. A Trouville, nous formions un duo de balles, faisions contrat de génération, glissions sur la terre rouge du bord de plage. Les gamines à bonne mine rêvaient des speakerines. Les yeux des solitaires s'attardaient sur Jacqueline Joubert. Les pêcheurs à parler cru bridgeaient dru, déconnaient avec sa mère, la Baronne.
Le petit Alain dansait seul. Avec ses tourments de chiennerie. De la grande baie du Monoprix, je l'observais distribuer ses cajoleries. Il secourait les délaissés des pavés, passage d'un drôle de Havre.
L'homélie du gai curé m'instruisit de sa dernière volonté. Il pressait la main d'un ami, d'une musique de compagnie. Il est mort dans les bras du divin musicien.

Boomerang

Les jours se désignent à l'attention, en rang d'oignons, naissent coiffés dénués de volonté. Dans la boîte à courrier, j'isole une lettre expédiée joliment dessinée.
C'est une lettre diagonale dont les mots commencent à l'épaule et s'achèvent à la taille. C'est un corps de texte. Il est beau dans son papier d'intact écho.
Je me nourris de sa graphie. Les derniers signes frôlent la balustrade. Je me penche à la fenêtre écrite.
J'ai trouvé l'heure, exprimé ma stupeur. Je pense à Gracq, à la magie du boomerang.