Il est tiré comme
un lapin, le brave clampin du Bataclan, l’insouciant quidam de macadam,
l’anonyme encarté des transports. Il est tiré comme à la foire. L’ensanglanté
des guichets n’a pas de bouclier. On ne retrouve que de la chair découpée pour
l’identifier.
L’Etat est absent,
les soldats sont distants. Les dignitaires arrivent après la guerre. Ils
squattent le palais du roi pour mieux s’émouvoir à plusieurs, entre
parlementaires. Car parler est une impuissance de métier.
Le président montre
les dents. Le monarque bande son arc. Il brandit des mots techniques comme une
arme atomique. Il a les yeux pleurants comme un premier communiant. La guerre se
fiche des postures comme de sa première imposture.
Le champ de
bataille se situe dans les entrailles des civils. La guerre se rue dans la rue.
Les soldats ne sont pas là. Ils sont à distance du sang. Ils sont en Afrique,
en Orient, à la solde de l’Amérique. Leurs corps désertent la mort. Les drones démodent
la perte d’hommes. La technologie dissuade qu’ils ne gisent au sol.
Les méchants
assaillants contournent les boucliers volants. Ils tuent les bons vivants. Les
militaires arrivent après la guerre. On les expédie à la périphérie quand le
pays est dégarni.
Les mensonges ont
besoin de coups de menton. Le boniment a besoin de bons sentiments, d’adorables
petits bouquets, de numéros verts et de cellules psychologiques. La guerre
prend de court les professionnels du discours. La communication tombe sur un os
événementiel. La guerre à zéro mort n’a pas zéro défaut. C’est une supercherie
qui cache les tueries en costumes gris.
Combien faudra-t-il de Pierre, Paul ou Henri, de morts tombés au champ d’aéroport, pour que les princes d’Europe se décident à combattre l’agresseur pour de vrai ? Aux champions du blabla sur une déchéance de nationalité sans écho, le peuple, premier visé, n’accordera qu’une tolérance zéro.
Combien faudra-t-il de Pierre, Paul ou Henri, de morts tombés au champ d’aéroport, pour que les princes d’Europe se décident à combattre l’agresseur pour de vrai ? Aux champions du blabla sur une déchéance de nationalité sans écho, le peuple, premier visé, n’accordera qu’une tolérance zéro.