mardi 27 décembre 2016

Dix-sept

Dix-sept a la figure de l’excellence, une allure de majesté dans la notation des connaissances.
La copie évaluée dix-sept est la première du tas – dix-sept, nombre premier -, l’année première de cordée face à l’avenir à gravir.
Dix-sept est exemplaire. Dix-sept prend les devants. Qu’elle apporte une grandeur et donne du bon temps.

samedi 17 décembre 2016

Mauvaise Campanie

J'ai pour gîte EasyJet, deux heures bleues à la fenêtre, de Naples à Orly. J'ajoute une épithète, une touche violette à la bougresse. Je maîtrise peu mes dettes, je noircis un carnet de précieuses défaites ou d'ennuyeuses redites. Napoli est un pluriel de voyelles, terre et ciel pêle-mêle. La cité des saletés est un bouquet de vitalités édentées. Le rouge éclate comme une flamme incarnate.
L'empathie du pamplemousse me dissuade d'être complice. J'y mets du gin, de l'entrain, du campari, de la fantaisie. J'entends l'accent effervescent des gens. Je trinque avec l'oiseau couineur, candide et perché, sur les parapets de l'Excelsior.
La ville est pavoisée de draps qui rutilent. Le chiffon délimite l'horizon. L'art des ruelles est fait de graffitis textiles. Via Toledo, nul besoin des mots d'Il Mattino. On fait les poches comme la gueule ou son âge. Je mêle mes doigts comme les pinceaux délavés d'un moine abbé. Sentir m'interdit de mentir. De quelque chose, avoir envie.
Céline me souffle un bout de son bénédicité: "J'ai le respect des somptuosités." Je songe à la sambuca, au vin morveux, à la luisante beauté bleue. Je remue la glace, les lèvres du calice. Entre algarade et pétarade, visages et coloris, je bois des limonades à l'anis. On s'en tape d'Alep, pas leur type, pas de malaise ici en mauvaise Campanie.

vendredi 2 décembre 2016

Nafissatou, c'est fini

Nafissatou a lâché son candidat chouchou. La dame de Manhattan abandonne son bonhomme de président en rase campagne. Elle l’avait précipité à l’Elysée, chef d’une nation amie, sous le coup d’une grosse émotion, d’une odieuse brutalité d’oreiller. Nafissatou s’en mord les doigts. Elle a défait son roi. L’effet Nafissatou, c’est fini.
La gouvernante new-yorkaise a voulu qu’il se taise et retourne en Corrèze. Elle a destitué l’homme de Tulle, épaulé d’un coup de pouce, aidé des bons offices du serial killer François le Sarthois qui a estourbi l’utile Sarkozy, rassembleur idéal d’électeurs socialistes.
Nafissatou a fait son temps, Hollande son mandat. Fillon a fait d’une pierre deux coups. On tourne la page de deux présidents assez quelconques qui ont échoué à requinquer la grande nation. Le roman s’écrit avec d’autres protagonistes, d’autres lieutenants à mentors morts : Rocard pour Valls, Séguin pour Fillon, et même Hollande pour Macron. Au cœur du récit, sous la plume de l’auteur, on identifie une reine de la dynastie Le Pen, Marine la croquemitaine. A la gauche de toutes ces droites, figure le bouillant Mélenchon, joyeux castriste et méchant compagnon. 
A voir notre rubicond « pépère » devenir blême, se justifier à l’antenne des déboires de sa fonction, on songeait à un boxeur groggy, baladé dans les cordes, les yeux baissés, en difficulté sur ses appuis. Car ledit pépère n’était plus unitaire. Il redoutait les discours,  les misères de Montebourg à l’embarrassante primaire. Les vaincus qui reculent, les battus d’avance qui renoncent provoquent une suspecte indulgence. D’aucuns parlent d’un courage certain à fuir la défaite comme une certitude du destin. Or il n’y a rien de magnanime à jeter l’éponge avant le gong. La lucidité est une vertu d’homme du marais,  d’un partisan tiède des justes milieux.
Ma seule gentillesse à l’adresse du petit président en détresse sera de me remémorer la belle parole de l’auteur de La Pesanteur et la Grâce : « On ne possède que ce à quoi on renonce. » Le préretraité de l’Elysée, le non-candidat, est désormais propriétaire de cette liberté-là. On retiendra de lui que le plus beau jour de sa vie s’est situé au soleil du Mali. Il m’aura échappé qu’il avait « réenchanté le rêve français », cette sorte d’identité heureuse à la Juppé.