Hier sur Arte, Le Deuxième Souffle. On célèbre Melville.
Je n’ai vu que Paul Meurisse. On n’oublie pas Blot. Le commissaire tutoie le
légendaire, fait écho dans nos mémoires.
La couleur n'était pas inventée. Les images étaient grises.
Les histoires étaient noires. Les robes étaient blanches. Le cinéma était un
divertissement de temps couvert. Il reproduisait le terroir granitique.
Paul Meurisse est un fils de Dunkerque. Il rêve
d'Albuquerque. Il se terre clerc de notaire au pays des houillères. Sa vie est
encastrée dans un cadastre.
Paul Meurisse est le plus grand acteur du siècle. A
revoir "Quand passent les faisans", on se pince. Meurisse se
hisse au plus haut. Aux autres laissent les os. Il rapetisse Serrault, fait
oublier Blier. Il ringardise les plus sublimes. Robert Dalban est le
lieutenant d'un monument. Yvonne Clech est "une sorcière aux dents
vertes".
Audiard chaparde les mots du bistrot, volent dans les
plumes de Céline. Il retouche Destouches.
Sur la nappe, il y a les acteurs, en vraie grandeur. Le
film est un champ de menhirs à perte de rire. Audiard est cerné de phénomènes.
Audiard fait parler les dolmens. Alexandre, Hyacinthe et Arsène.
Paul est pâle. Paul Meurisse a la délicatesse de la
prestesse. Serrault est traité de "pithécanthrope de Rodez", Blier de
"petit jouisseur". Les escrocs s'échangent des mots d'archanges. Deauville. Il pleut des
hallebardes. On ne voit pas Le Havre. Papa lit San Antonio dans son
Wigwam. Le cinéma du Casino affiche "Le monocle rit jaune". Meurisse,
l’impérissable.