La
page est blanche. Elle est riche de tous les virtuels possibles. L’infini ne
joint pas les deux bouts. Rien n’est joué. Rien n’est écrit. Rien n’a de sens
d’avance.
Il
est téméraire de s’aventurer, en première ligne, en premières phrases, sur une
terre littéraire, sur un champ de chair. Il est téméraire de briser la ronde
coutumière des jachères.
Tracer
les premières lettres, se saisir de l’alphabet éparpillé, composer des mots qui
fassent écho, dessiner des fragments de signifié, s’affranchir d’un impérieux
désir : écrire comme on libère un cri.
Le
lieutenant colonel sait quoi faire, décider sans collégialité, dans
l’immédiateté. Le lieutenant colonel a des ailes. La terreur ne lui fait pas
peur. C’est un chef de ferveur : il est à l’œuvre. La poésie d’Ezra Pound
lui indique la direction du pays : « Si légère est l’urgence ».
Le
lieutenant colonel se livre à l’ignoble forcené du mal, arrache la caissière
des griffes du furieux animal. Acte anti-économique, par excellence. Acte
christique.
Le
lieutenant colonel est seul, infiniment seul, premier et dernier de cordée. Avant
d’expirer, il prie sa patrie. Il écrit avec son sang le chef d’œuvre d’une vie,
le récit fondateur de notre temps. C’est un livre de résistance, le traité
d’une grandeur, l’évangile gaullien d’un admirable gendarme.
La rébellion du lieutenant colonel n’est rien d’autre que de servir une nation, d’honorer sa mission. Elle a le style des beautés les plus pures, des fulgurants chants d’amour, insoucieux des périls de bravoure.
La rébellion du lieutenant colonel n’est rien d’autre que de servir une nation, d’honorer sa mission. Elle a le style des beautés les plus pures, des fulgurants chants d’amour, insoucieux des périls de bravoure.