samedi 29 juillet 2023

Le temps du larbinat

Un pays s’abreuve de liberté. La lui ôter, c’est l’embastiller dans une humiliante vassalité. La nation française quémande un destin à une lointaine Amérique, mendie ses fins de mois à sa voisine d’Outre-Rhin. L’Allemagne, qui nous a envahis trois fois en soixante-dix ans, nous octroie ses privilèges de bon élève. Nos taux d’intérêt d’emprunt sont dans une large mesure les siens. Bref, nous vivons au crochet de Washington et Berlin. D’une telle déchéance résulte un traitement en conséquence. L’Amerique nous impose ses diktats commerciaux. L’Allemagne fait cavalier seul en Europe. La France déclassée d’aujourd’hui ne dispose même plus d’indépendance militaire. L’OTAN, par gros temps, est un parapluie sécuritaire providentiel. Les Gafam se jouent de nos petites menaces fiscales. À mesure que son économie dégringole, la France s’essaie au larbinat, observe un statut de laquais au service des grandes puissances. Obséquieuse avec les riches - Qatar, Arabie Saoudite - , complaisante avec les empires en croissance - Inde, Chine. Dans le même temps, nos « alliés » anglo-saxons - Amérique, Allemagne - se félicitent de sa disparition dans le concert des nations. Notre siège au Conseil de Sécurité de l’ONU est désormais en péril. Une Europe fédéralisée le convoite. Notre présence y semble une survivance d’un passé suranné. Coup de poignard fatal ? Politique d’abandon d’un des derniers actifs stratégiques du formidable patrimoine gaullien ?

Le remaniement du déni

Les petits ministres se croisent sur les perrons. Comme l’enseigne l’étymologie latine du mot ministre, on se cantonne dans une politique de l’infiniment petit. Le petit remaniement des petits ministres n’a pas plus de réalité qu’un dernier boniment avant la séquence scooter des mers du littoral varois. D’ailleurs, le petit président se fiche de ses auxiliaires de vie ministérielle comme de sa première barboteuse. Les postes demeurent vacants, par hypothèse de travail, par seul calcul de retour d’ascenseur courtisan. L’administration fonctionne froidement, en mode automatique, sans nul besoin de petit chef. Macron, le chef de meute, parfait sa réflexion sur les fondements ontologiques du beau concept d’émeute. Les émeutiers sont sortis de la meute réglementaire républicaine. Or le remaniement désarme par sa petitesse et lenteur d’exécution. L’émeute était une hallucination flaubertienne, une apparition communautaire du peuple, une sorte de Vierge en cagoule, casseuse d’unité, à rayer manu militari de la conscience collective. Le remaniement illustre la virtuosité de l’exécutif dans le maniement du déni. L’émeute était un jaillissement épiphanique. Une illusion d’optique. Elle n’a jamais eu lieu.