mercredi 26 janvier 2011

Dégage

"Moubarak, dégage", après "Ben Ali, dégage". Slogans de campagne populaire. Le peuple d'Egypte manifeste sa colère de manière lapidaire. "Dégage" est le point sur l'i d'insurrection. Le verbe est impérieux. Il signifie que la destitution du despote est la condition préalable à la liberté, à la parole retrouvée.
Dans notre démocratie décatie, Mélenchon a ressenti lui aussi l'envie de pareille table rase, d'en découdre avec les princes illégitimes. "Qu'ils s'en aillent tous" fulmine le grognon tribun. Que les usurpateurs débarrassent le plancher, que les Trabelsi du pays déguerpissent.
Il arrive que les mots révèlent leur pauvreté, témoignent de leur insuffisance, n'exprime que leur limite. Car les paroles sont trouées. Elles échouent à peser sur la réalité. Elles ne distribuent ni pain, ni liberté. "Dégage" traduit au plus bref le reproche adressé aux stériles discoureurs: "Assez de paroles, des actes !".
Après la Tunisie, l'Egypte veut "changer la vie", aspire au rimbaldien dans le quotidien. Moubarak n'est plus qu'un ballon de chiffon que le peuple joueur, gardien de but d'Egypte, expédie dans les tribunes. Il appartient à l'équipe des rives du Nil de se qualifier pour la démocratie.

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