Manu,
Bibi, Jupiter, on ne sait plus comment le nommer le petit jeune homme
président. En dix-huit mois, il a dilapidé le capital de bonne foi d’un peuple
en émoi. Sans même traverser la rue, en restant sur les lieux, il a décroché un
stage de longue durée, de quoi s’aguerrir et pénétrer les arcanes du métier.
Un
premier bilan d’étape mesure l’étendue d’un flop. Le chômage régresse peu, la
dureté de la vie est ressentie comme jamais. Le contentement de soi du roi
ajoute au désenchantement. Depuis les pugilats de Benalla, on démasque les
mensonges d’Etat. La technocratie révèle un mépris naturel du peuple, sa
distance de classe avec les muets des terroirs enclavés.
La
révolte sent le fuel, exhale une odeur de bagnole. Les gilets jaunes annexent
les ronds-points, ces scandales de jadis à financements opaques. L’émeute émeut
les féodaux régionaux. On casse à Bordeaux. On dévalise à Saint-Etienne. On
effarouche le bourgeois.
On
privilégie les symboles. L’Arc de Triomphe est préservé, le palais de l’Elysée
sauvegardé. Mission accomplie. Les dix mille policiers ont protégé le soldat
inconnu et le président incongru. On se fiche des vrais gens aux échoppes
pillées, aux boutiques vandalisées.
Le
ciel est tombé sur la tête du bel Emmanuel. Jupiter a peur. Les ruades de la
rue lui ont ôté son éclatant sourire de pontife ébouriffant. Le gamin a shooté dans son Meccano alambiqué
de sale gosse, il a brisé son jouet, il l’a dans l’os. Le mouvement de menton
ne suffit pas à dompter une nation. L’histrion se fabrique une figure de
repenti. Il lâche une dizaine de milliards au grand dam de ses ministres
experts. Il accrédite ainsi les vertus de la violence. C’est une exemplarité à
la moralité douteuse.
Avec
sa tribu, Manu a marché dans les rues sans rien voir de la colère des gueux,
des gens de peu, des nécessiteux du milieu. L’aveugle est désormais
paralytique. Je doute que le peuple ait vraiment envie de le sauver. On ne
bricole pas une présidence avec des rudiments de théâtre et des approximations
de stagiaire.
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