La dernière
présidentielle a escamoté le débat de fond au motif d’une judiciarisation de
l’élection. Les européennes d’aujourd’hui évacuent les idées, pratiquent la
rase campagne.
Tout
se passe comme si l’échange intellectuel était interdit de séjour démocratique.
L’électorat doit se contenter d’un blabla insipide, du débit syndical d’eau
tiède, d’un degré zéro sur la qualité des mots.
On
se morfond sans débat de fond. La denrée des idées est en rupture de stock au
supermarché du scrutin européen. On assiste à une compétition de canards sans
tête. Le rituel électoral fonctionne tout seul, marche à coups de postures
frivoles et de tirades minimales. C’est un théâtre pauvre, sans moyens humains,
où l’on guette un surgissement, un
sursaut de l’Europe, une parole, des mots, comme on attendrait Godot.
Rien.
La campagne est grise comme un mois de mai londonien. Introuvable comme les
contours de la future chambre. Absente des radars, étrangère au peuple.
En
toute logique, l’abstention résultera du défaut de réflexion des candidats, du
manque de matière de la consultation politique. La dissuasion civique est une
arme de démoralisation. Dès lors,
le réfractaire majoritaire s’apparente à Bartleby, le héros de Melville, stoppé
dans sa conduite, coupé dans son élan, par un hypnotique veto de vote : « Je préfère ne
pas ».
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