samedi 3 février 2024

Tous les Macron du monde

Il serre les poings, veille à prononcer les mots qui recueillent les bons points. Sa tête tournoie comme une girouette, profil droit, profil gauche, s’arrête à l’image qui taille une médaille. Il est intelligent, davantage que la moyenne des gens de son temps. Dans « Conversations dans le Loir-et-Cher », Claudel trouve les mots pour qualifier l’oiseau : « Il n’y a qu’une classe dangereuse, c’est celle des intellectuels, c’est à dire des gens qui possèdent un instrument pour lequel il n’y a pas d’emploi vacant. » Bref, il n’y a pas d’emploi pour notre petit roi, roquet du Touquet. Tout métier requiert la netteté d’une honnêteté, l’humilité qui sied à la vérité. Pour l’heure, l’homme est casé à l’Elysée où il peut encore casser pas mal de jouets. Après quoi, il sera propulsé à la tête d’un espace sans peuple, la terre promise des cabris, le faux pays de la technocratie: l’Europe. A mesure qu’il s’égosillait sans ciller, qu’il s’émerveillait de ses jongleries de nombril, m’étaient révélés les ravages d’une intelligence fébrile. L’intelligence distord la flagrance du réel, escamote les faits bruts, sophistique l’art de dire et mentir. Elle se complaît dans l’art d’entortiller, d’embobiner les opinions, d’emmêler et barioler une connaissance de première intuition. L’intelligence de palmarès, de premier de classe, excelle à la menterie ordinaire. Elle fait du mensonge l’arme d’un grand songe : gouverner à l’insu d’un peuple. Les racontars de « narratif » nourrissent une confusion des esprits, alimentent un dérèglement de la raison. Le désordre logique est la vitesse de croisière idéologique du navire oligarchique. L’intelligence use du mensonge à l’envi. Mille fois mieux que la bêtise. Elle joue de ses ruses pour semer la confusion. Un troisième attribut la définit, gourmandise, cerise sur le gâteau : la couardise. Courage et intelligence font chambre à part. La pleutrerie a besoin de la menterie, s’y cache même derrière. Le courage vient des entrailles des âges, jaillit d’une innocence, troue les faux masques de sa fulgurance. Il appartient à l’esprit d’enfance. Il est le génie rare du premier regard. Il s’incarna dans la poésie d’un de Gaulle, dans la peau d’un Beltrame. Il déserte aujourd’hui les coups de menton de tous les Macron du monde.

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