L'opinion souhaite le retour de la gauche au pouvoir. Foi de sondage estival. Elle exprime simplement le rejet d'une politique droitière, recroquevillée sur ses slogans simplistes d'avant la crise. Cela dit, elle peine dans le même temps à établir une vraie relation de confiance, un authentique lien affectif avec aucun des papabile en piste pour le scrutin présidentiel de 2012.
Or la politique se joue autant sur la raison que sur le sentiment. Force est d'observer que si DSK jouit d'un capital de confiance incomparable en matière d'économie, rien n'indique qu'il emporte la sympathie au-delà, qu'il sait faire vibrer les foules et susciter un élan d'adhésion populaire.
Les vieux quadragénaires du PS - Valls, Peillon, Montebourg, Moscovici - se distinguent davantage par la férocité de leurs appétits que par la proximité avec les électeurs. Vus d'en bas, ils ne semblent motivés que par la bataille d'egos dont l'enjeu est l'hypothétique "château" du Faubourg Saint Honoré. D'où des stratégies parallèles de pistards, rivalisant de lenteur et d'arrière-pensées, avant l'emballage final. Même Martine Aubry, plus pateline, ne déclenche pas la sympathie naturelle d'un leader vraiment désintéressé.
Reste Ségolène Royal qui, à contre-courant de son parti, travaille par éclipses le lien direct avec l'opinion, sans pour autant convaincre faute d'une articulation doctrinale conséquente. On oubliera François Hollande, leader technocratique de substitution, remplaçant passe-muraille d'un DSK défaillant.
Bref, les chefs socialistes pèchent par excès de nombrilisme et défaut d'humanisme. A vrai dire, la gauche manque cruellement d'une sorte de Jacques Chirac progressiste, simple et faussement modeste, libéré de toute prétention intellectualiste, chaleureux et direct avec les badauds, les paysans et les footballeurs. Si d'aventure elle parvenait à débusquer dans ses rangs un profil aussi professionnel politiquement que compassionnel humainement, alors elle décrocherait haut la main la timbale élyséenne. Elle serait plébiscitée par les deux tiers des électeurs, ce vieux rêve giscardien. Mais voilà: un Jacques Chirac de gauche ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval, fût-il Corrézien.
Or ce personnage inventé - Chirac en fiction est à la mode puisqu'il est le héros du feuilleton de l'été du Monde - a existé le temps d'un rêve avant de se volatiliser. En 2002, Jacques Chirac a gagné l'élection présidentielle avec les voix d'une gauche rassemblée, recueillant un score qu'aucun futur vainqueur n'obtiendra plus jamais. Hélas, il n'a pas saisi l'occasion historique d'un grand front républicain.
Si aujourd'hui la gauche a le vent en poupe, il ne faut pas qu'elle se berce d'illusions pour autant. Il lui appartient non seulement d'engranger les décus, les trompés, les choqués, les indignés de la présidence Sarkozy dans sa voiture-balai consensuelle, mais bel et bien de conquérir le coeur des électeurs. Pour ce faire, il convient qu'elle en finisse avec ses querelles intestines, byzantines, picrocholines. Car le peuple se détournera nécessairement d'hommes politiques aux seules ambitions personnelles pour tout affichage programmatique.
Certes, Martine Aubry a bien senti que la gauche devait se requinquer en insufflant du sens à l'action politique. Mais pas à n'importe quel prix. C'est pourquoi son coup marketing du "care", trop faiblard, a mérité son flop intellectuel.
Un Chirac de gauche ? Mais que font les communicateurs de la profession, qu'attendent-ils pour créer de toutes pièces - éléments de langage pertinents à l'appui - et lancer sur le marché politique un produit de pareille efficacité ?
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