mercredi 9 novembre 2016

Le milliardaire rougeaud

C’est la victoire d’un chef, le triomphe d’une figure charismatique, le succès d’une posture d’autorité. Trump vainqueur n’est plus raillé pour sa vulgarité d’ouvrier illettré. Il n’est plus moqué par les commentateurs pour ses mauvaises manières d’amateur. Trump président cloue le bec des bien-pensants. Un peuple sans diplôme, une sorte de populace disgracieuse, a choisi son homme. C’est un colosse à tignasse jaunasse, qui parle direct, impose en hérétique sa force d’acte.
Hillary C. trône parmi les dieux de l’Olympe, festoie au banquet céleste qui surplombe le monde rampant des simples mortels. Ces icônes intouchables, à sourire radieux de marketing, choquent leur verre d’ambroisie à la santé des miséreux. Trump grimace, éructe, invective, à hauteur des mimiques mal policées des déclassés d’Amérique. Le milliardaire rougeaud s’interdit la joie obligatoire. Il dit des gros mots délétères.
L’artiste Trump, avant-gardiste godardien, a fait sécession avec « les professionnels de la profession ». Il ironise sur l’expertise - « l’art de se tromper dans les règles » selon Valéry. Il se rit des braves sondeurs, de leur savoir de fantaisie, de leur science d’imposteurs. Il vient d’accomplir un prodige, d’exécuter un coup d’éclat. En ce même jour où se commémore la mort de Charles de Gaulle, Donald Trump, au seuil de la vieillesse, donne une nouvelle jeunesse aux intérêts d’une grande nation.

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