Macron
flanque Blanquer chef d’escadron, premier adjudant d’éducation. Tout le pays
fait corps derrière Blanquer, ministre militaire. C’est une sorte de colonel de
Gaulle à la tête de l’école. L’homme à treillis réhabilite un habit dernier
cri, le costume indigène des classes à l’ancienne : la blouse grise de
laborantin. Il fourre les insup-portables au rebut, au coin, leur interdit d’échanger
des bitcoins.
Blanquer
ne touche plus terre, crève la stratosphère. Il restaure la docte autorité qui
fait taire l’effronté des lycées. Blanquer est réactionnaire, forcément
réactionnaire, naturellement, nécessairement populaire. C’est pourquoi il
explose les compteurs de satisfaction de la nation. Il a beaucoup, beaucoup
d’amis dans le pays, un peu moins dans le cagibi du conseil des ministres. Succès
empoisonné, corollaire obligé : Blanquer est jalousé des hiérarques du
parti cordonnier. Qu’à cela ne tienne : il ne fera qu’une bouchée du grand
échalas du Havre. Car Macron le veut. Matignon sera la juste destination du
Duce de l’Education. Mais Macron le veut, pourquoi ?
La
stratégie du roi marcheur est fondée sur l’hégémonie totalitaire du parti
randonneur. Randonneur, pas donneur. Pour ce faire, il lui faut se défaire des
alliés de circonstances, pâles godillots de la prise de pouvoir. L’heure est
venue de déblayer les intrus. Exit Bayrou et ses dames du Modem. Malice de sa
nomination piégée au ministère de la transparence. Le bégayeur de Pau débarrasse
le plancher manu militari.
Reste
à dégommer les traîtres du parti néo-gaulliste. Darmanin est déjà bien mal en
point. Il ne survivra pas à l’exigence d’exemplarité, à l’idéal de sainteté
tonitrué. Lemaire sera la prochaine proie de l’insatiable roi. Dans trois, six
ou neuf mois, viendra le tour d’Edouard. Le temps que Blanquer parachève sa loi
réactionnaire. Il appartiendra à l’actuel titulaire du brassard de capitaine de
ranger ses petites affaires et de regagner le banc de touche, éventuellement sa
cité portuaire.
Devant
le perron de l‘Elysée, les jardiniers ratisseront les graviers. On aura évacué
les gêneurs des premières heures, les étrangers patibulaires, les faux
marcheurs de pacotille. La famille du grand Emmanuel sera nettoyée de ses
pièces rapportées. Elle sera de sang pur, sans mélange contre nature. Les
marcheurs auront enfin quadrillé le territoire. Castaner à Marseille, Griveaux
à Paris, Collomb (ou son arrière-petit-fils) à Lyon. Bref, il y aura un zélé
marcheur à la tête de toutes les grandes villes, en plus d’un gouvernement
cohérent, doté du même uniforme partisan. L’heure de Blanquer aura sonné. Il
aura fait le job à l’école. La théorie du ruissellement sera réactivée en
matière de popularité. Il aura mission de doper les sourires d’électeurs à
l’endroit du roi des selfies.
Philippe, trop mollasson, lui cédera les clés de Matignon.
L’objectif sera atteint pour de bon. Le pays dispose alors d’une nouvelle géographie, redessinée à l’unique couleur de la Macronie. Les pouvoirs sont distribués aux seuls vainqueurs légitimes. Macron va pouvoir jouir du pouvoir sans entraves. Manière à lui de célébrer l’idéologie libertaire de Mai 68.
L’objectif sera atteint pour de bon. Le pays dispose alors d’une nouvelle géographie, redessinée à l’unique couleur de la Macronie. Les pouvoirs sont distribués aux seuls vainqueurs légitimes. Macron va pouvoir jouir du pouvoir sans entraves. Manière à lui de célébrer l’idéologie libertaire de Mai 68.
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