jeudi 3 mars 2022

Un faire-part de départ

Maigret n’a rien de maigrelet. L’embonpoint entrave un corps sans élan, tassé dans l’inertie, muré dans un laborieux maintien, contrarié dans un destin. Depardieu, le comorbide, exhibe un bide. Il marche au petit pas sur le chemin du trépas. Une fille crève, lui troue l’écran. A la morgue, il y a du rouge sur la morte. Depardieu s’en tient au blanc. Au verre de blanc. Les enquêtes de police se distinguent par une couleur, la robe d’un vin, au premier coude sur le comptoir. Blanc comme un linge de fiançailles dont à l’automne il mâchonne, remâche l’image. Depardieu chemine dans une grisaille lugubre. Pas vraiment bourru, juste ballonné. Il élucide à l’instinct. Il claudique dans une atmosphère mastic. Dans ce film qui pue la mort, empeste le faire-part de départ, il salue André Wilms, en seigneur, dans sa fabrique, son taudis, sa vie en somme. Depardieu croise Aurore Clément, Elizabeth Bourgine, nous les désigne comme des comédiennes, des vraies, oubliées par étourderie. Ce film a évacué le tabac, l’a interdit sur le tournage. Leconte cadre sobre. Les riches, les pauvres, l’ennui qui les relie. Depardieu écoute. Depardieu, s’il pèse une tonne, n’en fait pas plusieurs, s’abstient du pluriel. C’est écrit sans style comme du Simenon.

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