lundi 15 février 2016

Les filles de Koltès

La femme est une hyène à cause d'une courbure, d'un dos cassé qui la propulse dans la nature. Dans la nuit d'une scène, contre un mur marbré de rouge, les deux espiègles s'illusionnent, se collisionnent, se sauvent comme de vraies lionnes.
La mort se rebiffe aux Bouffes du Nord. L'endimanchement me démange. Je suis casqué car une littérature exige l'armure. Je coiffe une casquette d'où transite un texte.
Les filles de Koltès se ruent sur une chair, déchiquètent un son mieux que des garçons. Elles se dépouillent du je, d'un faux air musculaire, de l'identité récitée. Elles s'approprient le cri, incorporent une rigueur d'écrit, scandent un phrasé dentelé d'incendie.
J'ai guetté l'instant précis où Audrey Bonnet saisit la diagonale du récit, ponctue d'une animale brusquerie le désert des mots ressentis, cravache un pieux désir comme on s'éclaire à la torche.
C'est un texte d'il y a trente ans que rien n'écaille, un vaillant fragment qui résiste au temps.
Dans la solitude des champs de coton exige une diction, dissuade l'histrion. Koltès trimbale un christique dealer jusqu'au bout d'une terreur. Il rédige une sorte de parabole du mauvais client. Pas de bouteille à la mer, ni océan. Il la jette au néant.

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