dimanche 15 mai 2016

Un président trimestriel

La démocratie est une sale manie. Elle enquiquine l’ancien royaume. Par chance, une règle de droit lui tape sur les doigts. Le 49-3 la déclare has been. Aller vite nécessite qu’on l’évite. La gauche qui gâche est prompte à appuyer sur la gâchette. Le 49-3 est un colt de sheriff qui force à être bref.
La droite qui rate fait saillir ses omoplates. Ses chefaillons agitent le chiffon d’une restauration. Ils empruntent aux toubibs des urgences une gouvernance par ordonnances. 
Gouverner, c’est expédier les affaires qui mécontentent. Il faut se dépêcher d’imposer sa loi. On ordonne au pays comme on canonne un ennemi. La droite diagnostique un temps très court pour refaire les peintures. Les réformes en dur doivent être exécutées dans les premiers cent jours de la mandature. Après quoi, le président fait la planche, ferme la boutique pour cause de dimanche. Dès lors, le quinquennat tranquille se réduit à un seul trimestre utile.
Pour que la démocratie vive, pour que la république respire et que les pouvoirs s’aèrent, je préconise de réduire le temps présidentiel à ses seuls trois mois essentiels. Le trimestre, renouvelable une fois, doit se substituer au quinquennat. Avec le stock de candidats disponibles – « le trop-plein » disait de Gaulle -, on peut aisément caser le gros des effectifs dans la vingtaine de trimestres libérée. On troque une présidence obèse pour une pluralité de commandements sveltes et agiles.
Une dizaine de vrais capitaines, rapides et réactifs, valent mieux qu’un gros monarque enlisé dans une glaise quinquennale. Le tourniquet présidentiel trimestriel offre l’immense avantage de dynamiser la démocratie. Il insuffle un élan décisif, donne une nouvelle jeunesse au pays.

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