dimanche 18 mars 2018

Tête haute

L’honneur est sauf à Cardiff. Certes, il y a une gabegie de points perdus en terre celte. Mais il y a de la joie dans le chaudron gallois. La bouille juvénile de Trinh-Duc pétille, même s’il rate son match, traîne sur la pelouse une nonchalance d’échec.
Le corps de Bastareaud est taggé comme un mur de métro. C’est une histoire sainte, les vitraux d’une église, les fondamentaux du rugby, dessinés sur la peau. Bastareaud grand frère calme Lauret vert de fureur. L’ogre bleu est un capitaine silencieux, exemplaire, responsable pour deux.
Fickou est dans tous les bons coups, ne traverse la défense jamais dans les clous. Il se moque du bête essai casquette, il marque un essai de fête.
On s’est souvenu que ce sport de rue se jouait avec des individus, que le jeu exigeait l’orgueil d’un moi je. Pelissié charge en sanglier. Rien ne l’émeut, n’entame son courage, surtout pas la meute de maillots rouges. Il dynamite le jeu mécanique. Il court droit devant, pas sage comme un garnement, à l’abordage. Nos durs à cuire réhabilitent le morceau de bravoure. Il est suivi par Grosso et ses ruades de costaud. Avant que Tauleigne, flanker téméraire, ne troue la ligne adverse, intouchable émissaire, royal Magne des grands soirs. Fall l’acrobate fait respirer la balle.
On renoue avec la cavalcade qui n’est pas une fanfaronnade. On cède aux foucades et aux incartades qui ne sont pas des gasconnades.
Les retouches à la touche ont fait mouche. Nos talonneurs sont laboureurs et gambadeurs. Même sans Camara, notre meilleur fusil, blessé à l’heure de jeu, la manière est française, le style est d’allégresse. J’absous Brunel car je tiens à ce rugby malchanceux comme à la prunelle de mes yeux. Les carottes sont cuites mais les têtes sont hautes. Il manque un point. Nous ne manquons pas de joueurs d’instinct.

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