mardi 14 mai 2024

Misère du tertiaire

L’industrie est morte depuis belle lurette. Elle a pris la poudre d’escampette. Elle déserte en Asie. Le secteur secondaire est une nostalgie d’un autre siècle. L’industrie a succombé à sa pollution, au cancer généralisé de ses poumons. L’industrie gît au cimetière des sacrifiés de l’économie, voisine à côté du pieux artisanat, dont on arracha les mains avant de l’enterrer sans un regard. La gloire actuelle des services est un racontar de fumiste, un leurre d’économiste. Cette sotte réclame anime la conversation des hommes sans âme. Le secteur tertiaire est ponctuel aux funérailles. Dans la file, il suit les ouvriers sans thune dans une même fosse commune. De la tuerie du travail ne reste rien qu’un machinisme d’enfant idiot. Dès le meurtre de l’artisanat, dès les Ford de toute sorte, l’œuvre avait à jamais dépéri. Le tertiaire est déjà mort hier. Le tertiaire est un monde d’effarante misère. Jadis un service se rendait comme une retouche, un soin, une caresse. Aujourd’hui la blanchisseuse m’interroge d’un cri : « Economique ou soigné ? » Je traduis la langue de lingère : « Merdique ou bien fait ? » Les temps numériques sont l’apothéose d’un désastre merdique. On balance des plateaux-repas à des rangées de grotesques passagers. Godard a filmé vrai dans « Soigne ta droite ». Le soin ou rien. L’œuvre suffit. Le reste avilit. L’économie surfe sur l’infini du vide : zéro culture, zéro industrie, zéro service. Le tertiaire achève la boucle du néant. Mort d’un pourri. A vrai dire, il n’y a qu’un seul métier : orfèvre. Tous les autres sont des courbures d’imposteur.

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