vendredi 2 janvier 2009
Le vaneau huppé
A l'angle des labours, j'épingle des yeux l'oiseau de mon enfance, le vaneau huppé qui fuit les rigueurs polaires. Je longe le champ, j'observe l'éparpillement du vol migrateur embourbé dans la terre. Je dois au vaneau mon meilleur souvenir de chasse. A l'époque, j'empoignais mon fusil favori comme on se confie à un ami. A ce même endroit, baptisé La Papillonnière, dans le soleil jaune d'octobre, je m'approchais à pas lents. Sur ces étendues de terre rase, l'homme est vu de loin. Dans un fracas vertical de plumes, les oiseaux se propulsèrent vers le ciel, à la vitesse du vertige. J'épaulais au réflexe. Les vaneaux, aveuglés par la lumière oblique, s'étaient sauvés juste à temps. L'un d'entre eux, isolé de la bande, chuta de manière rectiligne. La huppe de l'oiseau se dessina sur la terre comme un point d'interrogation. Je me souviens de la boîte de cartouches orange. C'était une joie sauvage, plus dure qu'un bonheur d'écriture.
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