Depuis deux ans, Chirac a débarrassé le plancher. Pas un mot. Pas de commentaires. Pas de mémoires. Pas encore. On ne lira pourtant jamais les arrières pensées du prompteur. On ne déchiffrera pas son bouleversant regard d'égaré. Chirac trimbale un visage de vieil acteur d'Hollywood. Il ne se regarde plus sourire sur les affiches. C'est une détestation de soi qui lui colle au destin comme une cicatrice intérieure.
Or Chirac tarde à s'estomper dans nos souvenirs. Il squatte encore une zone obscure de notre tête. Il s'installe dans notre histoire. L'homme des foucades au Stade de France et des ruades en Israël ne lâchera rien sur son mystère. On n'est pas près de comprendre ce savoir-faire d'improbable homme de la terre, de paysan ministériel à patois mécanique, de technocrate à mallette au know how péquenot. On ne trouve pas ce genre d'énergumène sous le sabot d'un cheval. Son vieux peuple a cravaché pour rattraper sa bévue. Chirac est un fauve politique à développement durable. Il a faim des mêmes horizons qu'hier, des voluptés d'Asie et des fraternités d'Afrique. Il restera comme le seul résistant d'Occident à la folie du grand satan.
Sa fêlure est à lire dans l'admiration sans bornes vouée à son père de sang. Chirac est un fils unique dont la seule boussole est un père magnifié. Il n'arrivera jamais à sa cheville. Aucune preuve ne suffit à ses yeux. L'introuvable Chirac loge sans doute quelque part par là, dans les parages d'un père inatteignable.
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