mardi 24 novembre 2015

Guerre et paix


Le bellicisme est revendiqué, lèvres pincées. La guerre totale est un slogan communicationnel. Les politiques, sans état d’âme, sont démangés par les armes. L’ardeur guerrière empourpre les discoureurs de verrières. L’aiguillon du coup de menton désigne l’horizon.
Les militaires manient la dynamite avec des pincettes. Ils se taisent par hypothèse. Ils sont muets par décret. Ils se terrent dans l’Internet. Ils blaguent sur leurs blogs, se gaussent des faux braves, des matamores d’estrade. Nos hommes d’armées, couturés de cicatrices, privilégient les diplomaties d’apaisement. Ils savent par nature que la guerre embringue au-delà d’une posture. La lucidité de chef d’armées se mesure au sang versé.
Bref, tout se passe comme si les brutaux politiques brandissaient des épées que les sages généraux répugnaient à dégainer.
Les stratèges militaires n’ont pas seulement lu Clausewitz (« Le premier à dicter ses lois à la guerre, c’est le défenseur et non pas l’attaquant »), ils observent un déni de réalité collectif quant à la capacité effective des maigres forces nationales. D’où le périple à la hâte d’un président mendiant qui fait la manche à Washington, Moscou, Londres et Berlin. A l’évidence, il se dispense des enseignements les plus rudimentaires de l’ère gaullienne.
Les penseurs militaires - notamment le colonel Michel Goya « La voie de l’épée » et le général Vincent Desportes « La dernière bataille de France » - ont déterré la hache du parler vrai. 
Ils renvoient les politiques à leurs responsabilités premières, à leur cœur de métier, à savoir le travail négocié de la paix. Ils refusent que la guerre, proclamée dans les palais, soit instrumentalisée à des fins de détestable parade. La posture de chef de guerre exige une clairvoyance élémentaire sur les conséquences de la violence.

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