jeudi 18 mai 2017

L'audace, les burettes et les traîtres

Il y a de tout dans ce gouvernement, même Bayrou. Chaque danseur de ministère hérite d’une cavalière paritaire. Le jeune despote est très entouré, ceinturé du cordon de sécurité des oncles de proximité : Collomb, Le Drian, Ferrand. S’ils sont socialistes, c’est parce qu’ils sont vieux. Il faut respecter les pedigrees du passé. Le maire de Lyon ne sanglote plus comme une madeleine. Il trotte comme un lapin, visite les commissariats avec une caméra, serre les mains qui pendent sur son chemin. Bref, il joue à fond la carte de la révolution.
Hulot est là. On s’étonne que Noah n’y soit pas. Son patrimoine n’est sans doute pas celui d’un moine. La société des vrais gens sans entregent est illustrée par les profs et les pédégères du CAC 40. On sait que les PME ne sont pas au mieux sous nos cieux brouillardeux. Nos petits patrons sont bannis de la représentation du pays. Ils sentent le soufre, le populisme à plein nez.
Autrement dit, il manque - non pas Minc, il est partout -, il manque à la belle alliance d’Edouard un garagiste de Loudun, à doigts cerclés de cambouis, un Monory lourdingue, rugueux, madré, à trogne de Galabru bourru. Séduire l’opinion avec de mignons sourires est le schéma de communication, directeur, marcheur, jusqu’aux élections de Palais Bourbon. Le gouvernement d’Edouard coalise les amateurs de traîtrise, installe à leur aise ses squatters de ministères. L'audace de l'épure est de nommer une éditrice à la Culture.
Jadis, de Gaulle évoquait les centristes, les élus du marais, en des termes colorés : « Ce sont des enfants de chœur qui auraient bu les burettes ». Dieu et l’Europe, les totems des bonnes âmes, disposent de solides portefeuilles: Blanquer, Goulard, Le Drian. Un toubib à la santé n’affranchit pas des nababs des laboratoires, de la prison des lobbies. Un prof à la Recherche ne préserve pas des corporatismes d’usage. L’homme de l’art ne garantit pas de l’indifférence aux intérêts des pairs et confrères.
Il faut que le buste de Macron s’incruste dans l’opinion. Je me décoiffe devant sa posture martiale, gravée en image d’Epinal. Son tour des Champs-Elysées, en véhicule de combat, encadrés d’un quarteron de généraux galonnés, est désormais l’acte fondateur du despote patriote.

Aucun commentaire: