mardi 2 janvier 2018

Attention à la marche

Churchill se vantait d’une santé sans effort : « No sport ». Macron fait la leçon à longueur d’allocutions. Il exhorte chacun à son destin de marcheur. Je m’interroge. J’ai des doutes de mauvais scout. Je suis tenté d’écouter le bon Winston, rongé par le cigare et l’immobilité de rentier. « No sport », en Macronie d’aujourd’hui, cela se traduit : « Attention à la marche ! »
La marche est une activité de temps long. Aux Jeux Olympiques, notre génial facteur champion, Yohann Diniz, termine sa tournée au bout de 50 kilomètres. Il a besoin d’une bonne dizaine de quinquennats pour se mettre en jambes. La marche est un loisir de plein air qui fait plaisir aux hygiénistes.
A chaque boucle d’un an, le chef de marche peaufine un petit boniment qui précise sa vision des choses. Macron débute dans la glorification d’un but. Il est rangé, ordonné, méthodique : il scribouille des vœux de 18 minutes pour 2018. Il annonce ainsi la couleur : 22 minutes en 2022, 27 minutes en 2027. A 52 ans, il franchira le cap de la demi-heure.
La marche nuit à l’idéal unitaire à moins qu’elle ne soit militaire. L’expérience enseigne que les marcheurs s’égaillent dans la nature, s’égarent en chemin, perdent le Nord, cherchent partout Macron, tournent en rond, se fourvoient dans des sentiers obscurs.
A vrai dire, la marche ne doit pas dévier en randonnée, dériver en balade éparpillée. Elle doit s’interdire de cheminer au hasard, par caprice et autres fantaisies. Ce que les médecins du sport ignorent, c’est que la marche peut virer à la flânerie désorganisée et conduire à des fâcheries de santé. On s’épuise à courir dans tous les sens, on gesticule à droite à gauche. On y perd son latin. Jusqu’à provoquer l’ire d’un Blanquer.
Rien ne sert de bousculer ses muscles. Inutile d’en faire des tonnes. Pour gouverner les hommes, il faut consulter Winston.

Aucun commentaire: