jeudi 21 avril 2022

La laitière et l'altesse

L’altesse n’a pas de complexe. Il possède son sujet – et sans doute aussi les sujets de son royaume – sur le bout de son surmoi. La laitière de Vermeer s’est trompée de crémerie. Rate d’ailleurs la marche du salon. Parle en même temps que l’aboyeur. Elle est un peu empruntée à vouloir se conformer aux manières d’une bourgeoisie. L’altesse la maltraite par sa vitesse. La laitière rassemble ses esprits autour d’une lenteur presque polie, donne à voir l’ennui du labeur. L’altesse joue au sale gosse, multiplie les grimaces, s’impatiente des longueurs de blondasse. L’altesse fixe le tempo, les conditions d’une maîtrise, d’une bienséance de classe, d’une excellence d’école. Valéry, Paul pas Giscard, n’en démord pas : « Un expert, c’est un homme compétent qui se trompe selon les règles ». L’altesse, signataire de « Révolution », n’a pas fait bouger d’un iota la ligne du poète. L’altesse impressionne la laitière. L’altesse n’est jamais dans ses petits souliers. La table les sépare. Une même obsession les réunit : ne pas la renverser. Pourquoi ? Parce que « les dossiers sont sur la table ». Leur vocation est d’y rester. L’altesse a servi sous l’autorité du roi des « sans dents ». L’altesse ne s’en souvient pas sauf quand il admoneste « ceux qui ne sont rien ». Finalement, à qui donner une pièce ? A Valérie Giscardétresse. C’est à elle que je réserve une générosité jaune. Sûrement pas aux clochards des trottoirs, aux fraudeurs de la paresse qui jonchent le macadam et défigurent les beaux quartiers. Tout cela devait disparaître à l’aube du premier mandat. Allez, ouste !

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