mercredi 6 avril 2022

Profession de foi

Le vide. La maladie du vide. Le virus du creux. Le pays entier l’a chopé. D’une liasse de bulletins, je peine à constituer un grand dessein. On nous les jette au courrier, à la figure. Il est vrai que j’ai bêtement zappé le grand débat des gilets jaunes. Mea culpa, mea maxima culpa. Le mode d’emploi du présent scrutin préconise sans doute de s’y référer. Or j’ai séché l’épisode des cahiers de doléances. Aujourd’hui je m’en mords les doigts. J’aurais mieux vu les perspectives. Je décachète l’enveloppe. Sur le tapis, j’éparpille les pièces du puzzle. Jadot, le candidat des chaudières, est collé au dos d’Arthaud. Je les sépare. Je lis des catalogues, des mauvais blogs, des tracts indigents. Une image. Un visage. Jean-Luc Godard. J’entends l’écho d’un maestro. Je songe aux plateaux-repas des vols commerciaux, balancés dans les travées de passagers. Godard filme une distribution de gifles, étiquetées boustifaille. Galabru est aux manettes, génial commandant de bord. C’est une séquence hilarante de « Soigne ta droite ». Autrement dit, le soin est un grand dessein. C’est la leçon de l’œuvre. J’aurais aimé qu’elle soit une profession de foi de candidat.

Aucun commentaire: