lundi 11 avril 2022

Pas le choix

Va pour Macron, un second quinquennat du contentement de soi. Je voterai Macron, hélas, faute de mieux, en désespoir de cause. J’en veux à je ne sais qui, à moi, à la démocratie d’aujourd’hui. Je m’en veux de ne pas savoir exprimer autrement ma liberté, ma liberté chérie. Je voterai comme un seul homme, mais triste dans sa solitude innombrable, pour le candidat unique d’un scrutin dramatique. Pas le choix. La loi est de reconduire un même roi. Un homme supérieur, dit-on, dont le style et la psychologie, la manière et les postures me font horreur. Je n’éprouve pourtant aucun délice aux pratiques contorsionnistes de Sacher Masoch. Je voterai pour le paltoquet du Touquet, vainqueur facile du triathlon « Falcon, vélo, hélicoptère », dans son aller-retour écolo du vote de dimanche. Je sais qu’il est intelligent, le blondinet, redoutablement : mais l’est-il autant pour le pays qu’il l’est pour lui-même ? That is the question. A vrai dire, je suis gêné par un sourire stagnant qui traîne en permanence sur sa figure, par un regard qui peine à esquiver son miroir. Cette illumination du visage, comme une Tour Eiffel éclairée la nuit aux couleurs des bons sentiments, est une croix pour la nation. Elle la divise mieux, davantage qu’aucune autre convoitise. Le candidat unique est ressenti comme inique. Il agrège « les gens de trop » quand la candidate pour de faux, la mauvaise fée raciste à ne pas approcher, rassemble ce que Pierre Sansot désignait par « les gens de peu ». « Ceux qui ne sont rien », dans la langue de mon champion. Je voterai Macron malgré mon incompréhension économique radicale, mon interrogation stupéfaite devant la débauche d’argent magique. Dame Pécresse, c’est loin déjà, martelait dans ses piètres meetings qu’ « il cramait la caisse ». Faut croire que ce n’est pas grave. La dette abyssale, le déficit commercial, les chèques rituels de campagne, le communisme salarial. Tout cela est virtuel comme dans un jeu vidéo infantile. La philosophie du quoi qu’il en coûte signifie qu’on n’établit plus les comptes. L’économie est devenue une vieillerie, le vestige d’un temps fini. Révolution. J’écoute le candidat parler. Désormais l’humilité est l’axe fort du projet. Projet, on sait ce que c’est : c’est ce que le candidat haltérophile porte. En lui, qui filtre par tous ses pores, au plus profond de son être. Macron voulait être réélu coûte que coûte. Je voterai pour lui, cet homme assez détestable, le pistolet sur la tempe. Pas le choix.

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