mardi 2 juillet 2024

Fin de partie

La cinquième république s’étiole. Elle s’est étirée sur soixante-sept ans, l’âge de son fondateur quand il en promulgua le texte. A cet âge, de Gaulle déclara goguenard qu’il était bien tard pour commencer “ une carrière de dictateur “. Aujourd’hui, la Constitution née du discours de Bayeux est inexorablement obsolète. Or il est un signe, mieux qu’un symbole, qui authentifie la mort de notre charte commune, le grand œuvre de Charles de Gaulle: l’aboutissement fatal de l’extrême centre. La parenthèse du marais triomphal, composé d’un ramassis de politiciens d’eau tiède, a signifié le dépérissement d’un héritage, la fin brutale d’un temps gaullien en déshérence. Le septennat de l’extrême centre, d’une modération baptisée “révolutionnaire”, a scellé le sort de la république, version cinquième. La victoire des gens du milieu annonçait sans coup férir la mort posthume de De Gaulle. Une fois pour toutes. Un homme de pareil format ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Le centre était par tradition le parti charnière exemplaire. Il excellait dans les tractations d’appareil, tablait sur son réseau de notables locaux. Il vécut comme un coq en pâte sous la quatrième, zélé par gourmandise à faire et défaire les majorités. Ce sale horizon dont de Gaulle nous a débarbouillés, nous l’entrevoyons désormais comme le legs d’un Monsieur Macron. La boucle est bouclée. La révolution, c’était cela. La cinquième est rétrogradée au rang de quatrième république, voire en pire. Après son funeste méfait, son acte meurtrier, l’extrême centre de Judas se pend dans sa geôle, explose en plein vol. Et après ? Qui saura insuffler une foi, une espérance, une ferveur, un grand dessein bâtisseur à ce merveilleux pays ?

Aucun commentaire: