jeudi 10 février 2011

La banane

Finir par un fruit. Papa avait réglé d'avance la conclusion du repas. Une banane. Qu'il épluchait en pétales de fleur. Une banane qu'il mangeait délicatement, sans parler, comme s'il sacrifiait au rituel muet du dessert simplifié. Pas de tarte. Une banale banane, avec ses grains de beauté pigmentés, ses taches noires sur la peau. Un verre de vin par dessus. La serviette à carreaux, mi-pliée, tamponnait sa lèvre mauve. Ita missa est. La fulgurance de l'après, de l'autre chose, torpillait la minutie de la cérémonie. Papa se plaisait au présent, aimait sa vitesse d'oubli. Il était ailleurs sans bouger d'un pouce.

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