lundi 7 février 2011

La fille d'Antonioni

"La fille" du film d'Antonioni a surgi de notre mémoire. Sans crier gare. C'était son jour de sortie.
Reste une vie de pellicule, en boucle, sur un écran de plein hiver. Maria Schneider émeut comme Mozart. Une légèreté, une absence, une gaminerie, comme un soleil troueur d'entrailles. Maria Schneider éblouit par sa beauté boudeuse, ses yeux si noirs d'insoucieuse curiosité, sa nonchalance animale et ses questionnements véhéments, l'espièglerie d'une enfance qui s'attarde dans un corps de femme.
J'ai fouillé en aveugle dans les recoins de l'étagère, remué la poussière, mesuré le temps passé sur mes doigts grisés. J'ai déterré le DVD de "Profession Reporter", "The Passenger", mieux nommé à l'original.
Maria Schneider est vêtue, libre comme l'air, d'une robe à mille petits coloris. Elle s'habille de confettis et des taches des papillons. Elle est joueuse et vive, lumineuse et si brune. Antonioni filme la splendeur de sa chevelure dans le bleu du ciel andalou. Maria Schneider erre dans un dédale de Gaudi, bouquine rêveuse sur un banc, s'échappe de ses doutes comme un cheval fou.
Elle menace de quitter l'histoire si Nicholson abandonne l'aventure. La mort a fixé rendez-vous, hôtel de la gloire. "La fille" d'Antonioni est partie à temps, a obéi à Nicholson. A l'instinct. L'actrice au doux sourire a succombé à ses blessures de tournage. Elle est morte, sauf en bout de rangée, à droite de l'étagère.

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