samedi 7 septembre 2013

Elisa Schlesinger

Août 1853: Trouville est le lieu des retrouvailles avec une brûlure d'entrailles. Flaubert séjourne dans la bourgeoise bourgade. Il ressasse, repasse son "cours d'histoire intime". Il triture sa plaie comme on égrène un chapelet.
Il se sauve des griffes du lion, s'invente une distraction. Il écrit à Louise et à Louis, ne parle que de lui. Il ne se rappelle que d'elle. Elisa est le seul tourment, le grand blanc de sa correspondance.
Il pleut des hallebardes sur la plage de ses premières audaces. Flaubert traîne un ennui pérenne, observe le bain des dames. A Bouilhet, il confesse une affection burlesque: "Embrasse-toi de ma part". Il corrige la lourde prose de Louise.
A Croisset, le 25 juin, il démasquait un vice d'artiste: "Je voudrais faire des livres où il n'y eût qu'à écrire des phrases (si l'on peut dire cela), comme pour vivre il n'y a qu'à respirer de l'air. Ce qui m'embête, ce sont les malices de plan, les combinaisons d'effets, tous les calculs du dessous...".
La phrase de Flaubert est le visage littéraire d'Elisa Schlesinger. Elle taille une suavité, cisèle une volupté. Il travaille au cassage de gueule de Gustave. Il besogne, cogne sur sa détestable trogne. La phrase est sa figure de style.


Aucun commentaire: