lundi 23 janvier 2017

Les yeux de président

La gauche gâche, la droite rate. Chronique des échecs, litanie des dernières décennies. La droite s’est débarrassée d’une encombrante caricature, a rejeté l’excellent girondin qui serrait mal les mains. Elle a choisi François le troisième, par superstition, car la République privilégie pareil prénom pour emblème. Il a les yeux foncés car nul n’a les yeux clairs s’il veut gouverner sous la Cinquième. Ses sourcils ne sont qu’accessoires de fantaisie. En revanche, le regard bleu de Lemaire était disgracieux, peu conforme aux critères marron de la maison, en vigueur depuis de Gaulle jusqu’à Hollande, durant cinquante-neuf années, sans discontinuer.
François III promet la table rase comme un communiste de jadis de raser gratis. Manque au Fillon patricien, le timbre jupitérien du sanguin Séguin. Je risque un délit de faciès. L’édile de Sablé n’a pas la bouille à tout chambouler, la trogne à déplacer les montagnes.
A gauche, les yeux mauves de Montebourg, trop pâles comme ceux de Lemaire, étaient disqualifiés d’avance, interdits de finale de primaires. Par contre, le regard noir de Valls s’inscrit à merveille dans la tradition élyséenne des globes oculaires de fonction. Je discerne mal la vision présidentielle d’Hamon, encore moins sa couleur de prunelle. Macron se sert de rayons laser. Son sourire obligatoire est tendu vers la victoire. On dirait qu’il est très satisfait de sa destinée, qu’il se sait apprécié des bonnes fées. Mais il souffre d’un handicap majeur : le bleu laiteux de ses yeux. Le même mauvais œil frappe Marine Le Pen, jette un sort sur ses ambitions élyséennes. Mélenchon, toujours bon client, jouit d’un regard marron,  qui est un modèle du genre, qui tourne rond. Il est en lice pour l’emballage final. Aux déshérités du scrutin, qui n’ont que leurs yeux bleus pour pleurer, je conseille, ni vu ni connu, de les teindre couleur de jais comme les cheveux grisonnants du président finissant.

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