Dans
la cour de récréation de mon enfance, les caïds de préau faisaient régner la
loi, exerçaient leur terreur sur les minus en culottes courtes. Les mêmes
costauds s’appropriaient l’aire de jeu. Dans la course à l’Elysée, certains
dossards sont tolérés comme des petits boursiers à la grande école. La
démocratie s’applaudit, se regarde le nombril. La République s’extasie de ses
valeurs méritocratiques. Les petits candidats sont costumés en habits
d’apparat. Montrer le bout de son nez nécessite de s’endimancher. Seul le
candidat du labeur revendique un maillot de corps.
Ils
se tiennent à carreau, les porteurs d’eau. Ils savent que les médias sont les
chiens de garde des caïds, qu’ils ne respectent que le campionissimo, pas le gregario.
Les minus du scrutin sont soumis à la question gourdin des apprentis Bourdin. Ils
sont raillés parce qu’érudits. Leurs sommaires interrogateurs se vengent ainsi
d’être moins instruits. Ils brutalisent les jeunes élèves, les ringardisent
avec gourmandise. Dans la catégorie des petits, ils ne préservent que la gauche
extrême, les chantres de la vraie révolution. Moi je suis insensible au dogme
ouvriériste, je suis allergique aux discours mécaniques des deux champions de
l’expropriation capitaliste. J’ai la nostalgie de Krivine et Laguiller.
En
revanche, j’écoute Asselineau qui n’est pas une tête de linotte. Il est
gaullien par le maintien. Il fait doyen de n’importe quel machin. Il développe
ses arguments sans tremblements. Il impose sa stature comme une seconde nature.
Il moque la provincialité de l’Europe. Bref, il élargit la géographie, taille
la politique dans l’universel, réhabilite une dimension mondiale. Pour
paraphraser Morand, « il ne conçoit l’Hexagone qu’inscrit dans la
sphère » (Venises, Gallimard, 1971).
Des innombrables rejetons du Général, il n’est pas le moins légitime.
Cheminade
tonne contre une financiarisation délétère qui asservit les peuples, appauvrit
les économies, déboussole une société en perte de repères. Lassalle dit la même
chose sur fond de ruralité morose. Les trois minus se plaisent au dissensus. Ils indisposent les
répétiteurs, les perroquets de l’actualité, fâchés avec leurs fiches
numérotées. Ils troublent la tranquillité des plateaux de plate démocratie. Ils
attentent au formatage des opinions. Ils sont qualifiés d’excentriques. Les
médias médisent à l’envi des petits candidats. Ils les apparentent à des
compétiteurs de poche. Ils leur préfèrent les candidats de souche. Tout se
passe comme si les idées étrangères avaient des figures patibulaires. C’est
pourquoi elles font l’objet de suspectes risées médiatiques.
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