Il y
a des pupitres. Il y a un pitre, qui fait bande à part, snobe la photographie
d’équipe, exhibe un dos réfractaire à la caméra. Macron, chic type, tend la
main à l’ouvrier qui s’en tape. La brebis égarée a sa fierté.
Le
flanc gauche est occupé par un trio d’énarques, le milieu appartient à un
tandem de femmes, l’aile droite est l’exil d’un homme triste. Lassalle
parle une langue de rocaille, Poutou un idiome tout en gouaille. Cheminade
n’est pas cheminot, ne chemine guère avec les beaux marcheurs. Il cogne Macron
au corps, à son talon d’Achille : « Vous êtes d’accord avec tout le
monde ! »
Fillon
est oublié à l’aile, ne touche pas un ballon, lève les yeux au ciel. Asselineau
préside le conseil d’administration de la nation. Il récite des articles de
traité comme des poèmes de Mallarmé, dans une posture marmoréenne.
Marine
Le Pen est habillée en veuve bretonne, porte le deuil de ses haines. Hamon a changé
de cravate : mauve pâle au détriment du bleu horizon. Dupont-Aignan est
saignant. Il conteste à Mélenchon la figure du grognon.
A la
fin des quatre heures, on sonne les sondeurs pour savoir qui croire, comment y
voir clair, pour qui s’émouvoir. Résultat du grand fatras : Macron fait
rêver par ses bons sourires, Mélenchon éblouit par ses méchantes colères. Moi,
Lassalle m’épate avec ses entames sans litote : « Mes chers
compatriotes ».
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