mardi 23 août 2011

La politique incantatoire

La chefferie politique sollicite les suffrages du peuple par le truchement d'incantatoires slogans. "Yes, we can". C'est bien joli, mais pouvoir quoi ? Obama ne se donne même pas le mal d'achever sa phrase. Il s'exprime de manière hypnotique et quasi signalétique. Ce degré zéro de la raison discursive s'apparente à la ritournelle sommaire des chansons populaires. Elle renvoie, de surcroît, à une sorte de méthode Coué. Le pouvoir parle fort et péremptoire comme l'enfant dans le noir pour vaincre sa peur.
Sarkozy termine sa phrase: "J'irai chercher la croissance avec les dents". Reste qu'il est tombé sur un os. La crise lui a rogné les crocs. A vrai dire, Obama et Sarkozy, leaders emblématiques du monde contemporain, ont subordonné leurs travaux au seul volontarisme des mots. La réalité exige davantage. Certes, les crises à répétition - subprimes et dettes souveraines - ont déjoué leurs artifices d'apprentis sorciers. Mais un projet politique, digne de ce nom, est tenu de surplomber les vents mauvais de la conjoncture.
Sans quoi, tout grand dessein se réduit au creux discours. Dès lors, nos chefs d'Etat publicitaires détricotent en fin de mandat ce qu'ils ont tissé dans l'euphorie des débuts.
Méthode Coué, absurdité et stérilité scandent le temps politique, mesurent l'étendue des occasions perdues.

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