mercredi 20 février 2013

Le type d'Antibes

C'est un corps, un échalas, une sorte d'escogriffe, bref un peintre qui dit qu'il le sera. Un serment d'ivrogne est une promesse de coeur qui cogne.
C'est un mendiant qui songe à l'ancien temps. Il jette de la couleur sur ses peurs d'enfant. Il sait qu'il vagabonde entre deux mondes. Il est Russe, n'échappe à aucune ruse. Il dégingande la peinture avec son format de propagande.
Il aime le vin qui pétille et la lumière de Sicile. Staël attente à la pudeur des couleurs. La mort d'origine l'agrippe à l'abîme de la vie. Sa dernière toile est rouge Petersbourg. Son fiasco fait écho au chant du coquelicot. Il plante un drapeau révolutionnaire dans la chair du "Concert". Il fait du piano son taureau comme de l'exil sa banderille.
Staël, c'est le type d'Antibes qui pousse la musique à plein tube. Sa cuiller racle l'émail de l'assiette. Il finit sa soupe. La fulgurance est une marque de fabrique, une nécessité tellurique, comme un deuil de naissance. Il s'est levé à l'heure du soleil couché. Les broussailles d'atelier sont des figures travaillées. Il enjambe la peinture. Il ne sera pas ce peintre-là. Il tire un trait. Il regarde le ciel. Il se défenestre.

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