mardi 19 février 2013

Un barbouillon

Je dérive dans Rousseau, nonchalamment, parmi les mots d'une gracieuse "confession". En ce siècle oublié, on est aventurier, épistolier, éveilleur de sensibilités. Rousseau musarde, s'amuse de musique. Le nègre de Rameau compose des opéras, à l'ombre des mots, quand ça lui chante. "Je n'étais qu'un barbouillon".
Rousseau fait ses délices du plus humble caprice. Il écrit ses tourments sans négliger d'être charmant. "La prévoyance a toujours gâté chez moi la jouissance. J'ai vu l'avenir à pure perte: je n'ai jamais pu l'éviter" (Les Confessions, La Pléiade, page 106).
C'est un lettré, d'instinct buissonnier. Vie de bohème qui le mène au lac de Bienne. Sa grande causerie s'achève à l'île Saint Pierre, au voisinage de Neufchâtel. Le Rom un peu menteur de la rime intérieure pose son baluchon de barbouillon.
"L'âge des projets romanesques était passé et la fumée de la gloriole m'ayant plus étourdi que flatté, il ne me restait pour dernière espérance que celle de vivre sans gêne dans un loisir éternel" (Les Confessions, La Pléiade, page 640).


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