dimanche 17 février 2013

La pampa de papa

Nous sommes plantés là comme une escouade d'épicéas. Nous sommes les derniers arbres faits de l'écorce d'un prince. Nos jours sur terre se résument à un cimetière. Papa n'est plus visible que dans la gloire de nos mémoires, l'éclair éphémère d'un souvenir.
Il mesure notre misère. Il regarde les rescapés comme on s'arrête entre deux gorgées. On se heurte au granit de pierre tombale, à gauche, à l'entrée de sa chapelle. Derrière le muret qui borne une longue tristesse, s'étend la plaine, la pampa de sa jeunesse.
Papa manque au bataillon. Il nous laisse un désert à peupler d'on ne sait combien d'hivers. Notre petite troupe meurtrie lui dit merci. Il nous manque comme la dernière heure d'un bonheur. Nous prions l'homme bon, chef de notre bataillon.

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