mardi 6 août 2013

Patrick

Patrick a toujours fait des blagues. La dernière ne fait pas rire. Ce pince-sans rire s'est fait pincer par la police des maladies. La mort frappe en premier ceux qui savent en rire.
Il aimait jouer. Tennis, bridge, comédie. Le fantaisiste cachait en artiste sa figure triste, sa moue des mauvais jours. De l'esprit d'enfance, il avait gardé une certaine fulgurance. Pas de quartier, ni de tiédeur. Mais du coeur et du panache. Au jeu de raquette, il abrégeait l'échange sans tambour ni trompette, tout à trac: ça passe ou ça casse.
Quand son père est mort, il interrogea les pierres: "Qui désormais éteindra les lumières du salon ?".
Fini de rire. Nous sommes seuls aujourd'hui. Qui parlera foot avec moi ? Qui dira dans un fou rire deux ou trois mots d'après banquet jetés sur le papier ?
Nous n'avions pas dix ans. Avec d'autres, nous jouâmes à cache-cache petit signe. Souvenirs de ronces et de genoux qui saignent. Sur la pelouse de Neuville, nous shootions, nous dribblions, nous vivions avec un petit ballon pour horizon.
A La Plagne ou L'Escalet, dans les neiges ou sur les sables, ses gags et sa désinvolture préfiguraient l'univers des Bronzés. Aujourd'hui, le monde est moins drôle. Il manque d'humour et de sensibilité.


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