dimanche 3 avril 2016

Chronique d'une primaire ordinaire

La droite qui rate se cherche un chef, inflexible dans ses bottes, raides dans ses buts. Elle organise un tournoi qui fait loi. C’est plus citoyen qu’une annonce au Bon Coin. La joute crée l’émoi: les noms s’ajoutent. Les candidats se pressent à un concours de circonstances. La primaire séduit par ses effets secondaires. Un petit pécule de bulletins peut se marchander contre un maroquin. Valls maquignon a raflé Matignon. La droite qui rate brigue la place d’une gauche qui gâche.
Sur l’affiche, il y a des visages qui ne fâchent pas. Juppé n’est décrispé qu’à moitié. L’homme est posé, sans doute indisposé. Sa figure pâle trahit un souci intestinal plus qu’une passion nationale. S’il se jette à l’eau, il n’est pas question qu’il se mette en maillot. Son pedigree lui interdit la familiarité. Lemaire est le fils de son père. Mêmes papiers de Quai d’Orsay. Il est lisse, austère et sans mystères. Ministre des terroirs, il ignora jusqu'à la taille de l'hectare. L’homme assomme avec ses neurones. 
Fillon est victime de son prénom, socialiste et papal. Le rejeton de notaire manque de faits de guerre. Il côtoie les autos de course, persuadé du mimétisme. A bord d’une monoplace, il s’imagine plein d’audace. Il faudra qu’il se satisfasse d’un grade de chef de tour de chauffe. Des urnes, il peut sortir speaker de tribunes, peut-être commissaire honoraire du perchoir.
Sarkozy est rongé par la jalousie. Il envie la richesse de Berlusconi. Le choix de Carla Bruni témoigne de son sens de la répartie. NKM n’est ni une femme, ni un homme, mais un acronyme. Or les sigles sont en fin de cycle. Ils datent, portent poisse: JFK, JJSS, DSK. Le moderne se démode, n’éclaire aucune lanterne. On est loin du peuple à se nommer à la va-vite. J'ai une tendresse un peu fière pour Morano la poissonnière. La fille de camionneur ne veut pas rester sur le carreau. C’est une soldate déçue qui s’exhibe en candidate de rue.
Mariton en garde sous le menton. On ne sait s’il est bénédictin ou polytechnicien. C’est un bretteur de paille, tout à fait passe-muraille. Un jour au salon, Copé s’est coupé dans la conversation. Depuis la petite enfance, il veut faire président dans l’existence. Mais Copé n’a pas que des copains. Il ne boit que de l’eau. Il ne se bourre pas la gueule, seulement les urnes. Sa figure de traître suffit à sa raison d’être.

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