samedi 16 avril 2016

Le train de Tulle


Le peuple souffrant, maître de céans, abrégea la parlote de salon. Il se leva sans hâte, prit le coude du visiteur et le reconduisit jusqu’à la porte. Trissotin se retourna pour lui serrer la main. Il sourit à pleines dents, se persuada d’une durable complicité, prononça un lapidaire diagnostic de toubib ordinaire : « Je vous le dis : ça va mieux ». Le peuple, dans l’encadrure de porte, fixa des yeux las sur sa bouille écarlate. Il lui signifia son impatience : « ça va comme ça ». Il jugea même nécessaire de répéter la formule : « Oui, ça va comme ça ». Il hésita, mais n’ajouta pas : « Bon débarras ! ».
Le petit docteur, tout à son bonheur, était content de ses médicaments. Il restait planté sur le palier. On aurait dit un éboueur de quartier ou un sapeur pompier attendant ses étrennes de fin d’année. Le peuple fouilla dans ses poches. Il sortit un billet de mille, le lui tendit à la va-vite. 
- C’est pour le retour. Le train de Tulle est dans une heure. Vous allez le rater.

Aucun commentaire: