Septième
étage. Rooftop de ouf. L’Excelsior est désert. Napoli se lit dans un ciel. La
mer, lisse et tentatrice, se fendille, miroite au soleil. Rien n’est moins bref
que le golfe de janvier. Je songe à Matzneff, à ses frasques, à sa phrase. A Ferdinando
Galiani, à ses écrits de fantaisie.
Piazza
del Plebiscito, j’ai croisé Gemito, sa frimousse en terre cuite. Les voix sont
peintes, fardées d’un rouge sonore. Napoli n’est jamais malpolie :
simplement elle enseigne l’émotionnelle intensité d’une voyelle. Via Toledo, on
dégringole les pavés inégaux parmi l’écho d’une clameur, un chahut d’émeute,
une foule à bigarrures.
Naples
est un tintamarre de bord de mer. La mouette du parapet inspecte l’éternité. Ce
cri d’écorce, c’est une colère de bête. La mouette couleur de craie taillade
d’un cri les étrangetés de la terre.
Depuis
de longs étés, les brunes ragazze sont
des beautés décarbonées. Elles s’enlaidissent à blondir, civilisent une
noirceur dans des figures sans désir.
Les voyelles ont mauvais genre, observées des voyous. L’incartade
et l’algarade sont des manières de dire, des exercices de style. Chez
Gambrinus, les jeunes serveurs ont les cheveux crantés, d’insistantes gueules
d’olibrius.
Faire plaisir est entaché du péché de satisfaire. Près des
platanes à géographie morcelée, au voisinage des racines éléphantesques du lungomare, le soleil chauffe la nuque
des vieux chnoques. Un ciel d’hiver régénère l’imaginaire, libère l’incarnat
d’une chair. Une ombre ciselée tarabiscote les façades acidulées des palais.
Le vacarme est dans une couleur, le tumulte dans une rue,
la stridence entre deux désirs. La mer amalgame ses peaux, cuirs, bleus
dépareillés, ses sourires rapiécés, ses pétarades de théâtre. Avec des doigts
virtuoses, Luca Giordano bâcle une toile à format grandiose. Taxi ! La
lumière de Napoli, les yeux bleus d’Italie, se sont perdus comme un paradis en
Mésopotamie. Dans l’avion réglementaire, deux jeunes gens en tenue d’officiers
jouent au marchand et à la marchande. C’est fini.
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