mardi 21 octobre 2008
Courrier d'un lecteur
Il y a quarante-cinq ans, Charles de Gaulle s'emballe tout à trac pour le premier roman d'un étudiant niçois. D'une plume enfiévrée, il répond à l'auteur qui lui a adressé son ouvrage par la poste. "Votre livre Le Procès Verbal m'a entraîné dans un autre monde, le vrai très probablement, et j'ai pu, avec Adam, le parcourir en zigzag. Comme tout commence pour vous, cette promenade aura des suites". Au premier coup d'oeil, de Gaulle reconnaît l'artiste à son travail. Près d'un demi-siècle avant la gloire du prix Nobel, le génial général se décoiffe, ôte son képi devant le jeune poète inconnu. Il termine sa lettre comme s'il se confiait au compagnon d'une même rébellion: "A moi qui suis au terme, vous écrivez que "le pouvoir et la foi sont des humilités". A vous, qui passez à peine les premiers ormeaux du chemin, je dis que le talent, lui aussi, en est une".
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