lundi 12 avril 2010

Le rouleur sans peur

Ils sont fous ces cyclistes, ces cinglés du pavé qui bataillent dans le vent du Nord et la grimace des corps. Il était attendu au coin du bois après son attaque de la trouée d'Arrenberg, huit jours auparavant. Tout à coup, sur la route rectiligne, entre champs verts et ciel gris, l'homme rouge des pavés a fusé. Après l'étourdissante cavalcade du Tour des Flandres, Fabian Cancellara a récidivé comme un malfrat sur Paris-Roubaix.
Une heure durant, le dos courbé sur sa machine, le rouleur sans peur a maintenu à distance la meute des poursuivants. Pas question qu'on lui mordille les jarrets. A l'arrivée, écroulé de fatigue, le champion suisse n'a pas lâché le moindre mot au micro vagabond du speaker. Rien à dire, juste reprendre son souffle et ses esprits, s'en tenir aux premiers gestes. Le blond Helvète a ôté son casque de pistard et jeté un regard bref, noyé d'émotion, à l'indiscrète caméra.
On sentait que l'athlète seul mesurait la dimension de son propre courage. L'oeil de France 2 ne faisait pas de tri dans ses images, filmait dans la routine, peinait à se hisser au-delà du témoignage de rétine.

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