mardi 8 mai 2012

Lauren Bacall

Mon épaule heurte le mur. Les hasards s'égarent dans les souvenirs. Je hisse un corps, marche après marche, vers sa demeure. Son pied teste le sol, mesure la température du péril, se rétracte au premier embarras. Mon coude frotte la paroi, perfore le verre de la photographie. La figure d'actrice choie dans l'escalier. Lauren Bacall chute de haut. S'étiole un monde de visages pâles.
Librairie Delamain, sans Chardonne ni cognac. Palais Royal, Lauren Bacall. J'ouvre un gros volume de mémoires. Je tends la page blanche comme une joue. Elle trace son nom et mon prénom à l'encre noire. Je me souviens d'hier et même d'avant hier. Je n'ai pas vingt ans, déjà poussière. L'équilibre du corps n'additionne que des peurs. Je fends la brume anglaise, je longe à Londres le malaise de ses docks, je me rue la nuit vers la cinémathèque, je m'assieds dans le noir, je regarde Bacall.

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