jeudi 3 mai 2012

Moi je

Ils gravissent le dernier col, hors catégorie. Le temps des gregarios est clos. Pas d'équipiers pour les relayer. C'est l'heure du mano a mano. Les deux champions grimpent de front sur la chaussée. Hollande est calé sur sa bécane. Il monte au train. Sarkozy est courbé sur sa machine. Il progresse en danseuse. Deux styles de hargne: un rouleur coriace, un grimpeur opiniâtre. Les deux hommes s'invectivent jusqu'au sommet.
L'hostilité prévaut sur le plateau. Tout au long du pugilat, le "moi je" règne sans partage. Le peuple observe ses princes. La démocratie fait provisoirement tapisserie. Les deux candidats surenchérissent sur le volontarisme. On reste coi devant pareille hypertrophie du moi. Les deux matamores exorcisent une même peur. La première personne du singulier est une incantation guerrière. Elle théâtralise la posture de dur. A vouloir remuer ciel et terre, à vouloir trop prouver sa virilité, elle signale une vraie fragilité.

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