samedi 10 août 2024

Coura-Jeux

L’athlète caracole sur l’asphalte. Il tue le temps, deux heures de cheminement, un saut à Versailles et retour à la Tour Eiffel. Les prouesses des fantassins de Lutèce, les coudoiements des rivaux de palmarès, colorient l’ennui des bigarrures estivales d’une quinzaine commerciale, bariolent une solitude d’un bruit sourd de torride utopie. L’été appartient au grand malletier. Les hommes emmaillotés se sauvent dans les quartiers, les lions de Marathon à leurs trousses, les fauves grecs à leurs basques. Le jeu de cirque conjugue peur et torpeur autour d’un fleuve sans rides. Paris est litfée, costumée pour un dimanche de publicité. La chirurgie de ville pratique une esthétique à dents blanches, de patricienne fantaisie. L’Olympisme exige une loyauté, le respect de l’appétit des lobbies. L’Ethiopien s’échappe du chapelet des fuyards, exhibe aux traînards son dossard, s’évade Route des Gardes. Céline, Lucette, sont aux premières loges. Destouches est un médecin malsain qui en pince pour l’effort du corps. Tamirat Tola, l’héritier de la foulée d’Abebe Bikila, rallie les Invalides sur des jambes de légende. Nul mano a mano d’agonistique empoignade, mais un podium sans photo-finish composé d’hommes seuls, lancés vers la banderole. Les drapeaux, mieux que les mots, s’agitent comme des épouvantails à moineaux. Je lis Veyne, je feuillette l’opuscule sur Foucault. « Il n’est de courage que physique. Le courage, c’est un corps courageux ». Tous ces je courageux m’ensorcellent de ciel bleu; ils ont endiablés mes Jeux.

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