vendredi 2 août 2024

Richter, roi dans ses notes

J'ai trouvé ma place pour écrire. Je la cherche pour reproduire, dessiner, ébaucher un sourire. La musique m'en déloge. M'en fait voir de toutes les couleurs. Je rougeoie dans ma loi. Ses exils sont ses domiciles. La musique se rit, s'amuse de bouts d'espièglerie. La musique est nomade et guérit les malades. L'ordinateur placarde la trogne lunaire de Richter. Le temps claque entre ses doigts. Sviatoslav s'approprie l'esprit virtuose d'une bourrasque. Bach a planté dans l'espace son entêtante absence. Sviatoslav Richter. Au début, le générique défile. Trop vite. « Pureté sauvage ». Oui. Le pianiste russe est rude, roi dans ses notes. Il vit son art comme il dort, un peu n’importe où, entre les villes de concert et les récitals d’un soir, l’adoration du public et la détestation du politique. Il pactise avec l’infini. Ce jeune homme a vingt ans, quatre fois. Il regarde la mer. Pas besoin de gammes, seule l’envie de la musique. C’est un génie, amateur de genèses. Cristal absolu de l’œil bleu comme ce morceau de Bach, limpide et fulgurant. Richter n’aime ni l’analyse, ni le pouvoir. Il pense au père fusillé. A sa mère, trop brillante, dont on a bâillonné les lèvres. Richter joue au vent de l’éventuel. Sa liberté est insécable. Sa décision est irrévocable. Il vit jusqu’au bout, dans l’insaisi de la poésie, dans l’inouï de la musique.

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