S'il ne manque pas de ressort, ce président est dénué de hauteur. Avec lui, on ne voit pas loin. Comme tout le monde, il a été percuté de plein fouet par la crise des subprimes. Au-delà du slogan implicite "Oui, je bosse", décliné à l'envi pour exhorter au travail les plus récalcitrants, le contenu du message présidentiel demeure mince. Le projet de faire de la France une ruche de labeur ne convainc pas d'instinct. Aucune volonté générale n'adhère à ce mauvais rêve d'abeille.
Nicolas Sarkozy appartient à la race des fins politiciens, dans la lignée de François Mitterrand. Son grand écart idéologique, de Martin Hirsch à Philippe de Villiers, son compagnonnage objectif avec Olivier Besancenot, rappellent les patientes manoeuvres du héros de Solutré. Il adore les gadgets, les ors et l'esbroufe, avec le même absolu mauvais goût que l'Auvergnat Giscard. Reste qu'il peine à se projeter au-delà de son ombre, au delà du "quarter" des comptes de résultat, réduisant son ambition politique à la gestion du très court terme. De Gaulle anticipait l'Histoire en reconnaissant la Chine, Pompidou réveillait l'ardeur industrielle du pays, Chirac regardait vers l'Est et le Sud, vers l'Asie et l'Afrique. Sarkozy semble pour l'instant se borner à de la gestuelle anecdotique. Il se fourvoie dans l'inessentiel, rétrécit l'horizon au localisme des Hauts de Seine.
Il est vrai qu'il n'est pas aidé. Aucune résistance nulle part. François Fillon fait tapisserie. L'opposition ne s'oppose qu'à elle-même. De temps en temps, le sémillant Copé risque une vacherie pour détendre l'atmosphère. Le vaniteux Bayrou se mire complaisamment dans la glace. Le théâtral Villepin passe des auditions au cours Simon.
Bref, le plafond politique est bas. Aucune lumière particulière n'est à attendre d'une Europe qui sourit dans le vide, d'un Barroso qui n'éblouit personne. On ne sait pas du tout où on va. A une certaine idée de la France, perdue après de Gaulle, s'ajoute une certaine idée de la fonction présidentielle, soldée sous Sarkozy.
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