jeudi 25 avril 2013

Le bien le plus précieux

La langue française vibre dans notre chair comme une confidence murmurée, le legs exclusif des mères. C'est une patrie intime, plus vaste que la géographie, où nous sentons, respirons et pensons, dans l'amitié de ses sonorités. Nous y sommes libres comme l'air. Nous y sommes aussi prisonniers des exigences de sa beauté.
La frivolité d'une ministre, insensible aux devoirs de sa charge, provoque une colère bleu, blanc, rouge. Au nom d'une fallacieuse modernité, elle poignarde l'université en lui substituant l'idiome d'empire, le parler de Shakespeare. Impéritie des dignitaires du pays. Haute trahison des chefs. Je demande le peloton d'exécution.
A regarder de près l'évolution des parlers, la langue de Voltaire s'exprime par-delà ses frontières, s'exporte aux confins de la planète. L'Afrique et l'Asie, continents de vive renaissance, sont terres d'hospitalité des mots de Queneau, Larbaud ou Giono.
Notre langue est "un avantage comparatif", économisme oblige, qu'il convient de conforter. Madame Fioraso s'emmêle dans ses fioritures. Elle préconise de délocaliser le français de l'université, de la nettoyer de ce baragouin désuet. Elle se soucie de la langue de sa mère comme d'une guigne. Elle s'en libère comme d'une ringardise embarrassante qui pénaliserait sa carrière.
Au fond, elle souhaite dérober aux plus pauvres leur cassette, subtiliser leur bien le plus précieux: la langue de leurs aïeux qui est celle de Montesquieu.

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